Jeunesse
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Le Livre des Trois

Lloyd Alexander ( Auteur), Jean-François Ménard (Traducteur), David Wyatt (Illustrateur de couverture)
Aux éditions : 
Date de parution : 30/04/08  -  Jeunesse
ISBN : 9782012015913
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Christian   - le 27/09/2018

Le Livre des Trois

Un an après la disparition de Lloyd Alexander, les éditions Hachette Jeunesse rendent hommage au créateur des chroniques de Prydain en rééditant son premier roman. C’est en 1964 que l’auteur francophile publia le premier des cinq tomes des chroniques que les Studios Disney allaient rendre célèbres en 1985 avec la sortie de «Taram et le chaudron magique ». Couvrant plus d’une quarantaine de romans jeunesse, son œuvre reste marquée par les trois cycles de Prydain, de Westmark (un apprenti imprimeur au cœur d’un complot politique) et de Vesper Holly (une jeune Indiana Jones au 19ème siècle).

Le monde de Prydain n’a pas l’envergure du monde des Anneaux. Il s’agit plus d’un cycle d’initiation de l’adolescent Taran (sans m), un aide-porcher révolté contre  la volonté de puissance du roi Arawn, que l’écroulement d’un univers médiéval en proie aux forces des ténèbres. Les pérégrinations, les hésitations et les rencontres du jeune héros naïf et inexpérimenté y sont prépondérantes. Le contexte politique et magique est secondaire.

L’essor de la littérature fantasy depuis quarante ans a recouvert l’univers du porcher de Prydain d’une bonne couche de poussière. Les Gwythaints (aigles espions), l’épée Dyrnwyn (une version ardente d’Excalibur), les sortilèges de feu ont vieilli. La petite troupe de personnages n’a pas résisté au succès des jeux de rôle (un nain grincheux, un prince saltimbanque, une apprentie magicienne). Le personnage du servile Gurgi a des allures de caricature du Gollum de Tolkien et du Dobby de J.K. Rowling.

Il reste que pour un public jeune, peu rompu à la magie médiévale et à la lecture, le Livre des Trois peut constituer une excellente entrée en littérature fantasy.

Ils arrivent !

Le jeune aide-porcher Taran aimerait se forger une épée et apprendre les secrets du grand Livre des Trois, mais Dallben et Coll lui ont confié la tâche de garder Hen Wen une truie douée de pouvoirs de divination. Peine perdue. A l’approche du roi cornu, envoyé par le roi d’Annuvin, terre des ténèbres, la truie s’enfuit.

Parti à sa recherche, Taran fait la rencontre du Seigneur Gwydion venu s’informer sur la levée d’une armée de zombies en armure par Arawn, le maître d’Annuvin. Capturé avec Gwydion par le roi cornu, Taran devra son salut à Eilonwy, une jeune magicienne avec qui il s’emparera de l’épée de Dyrnwyn.

Dans leur fuite, les deux amis remontent l’avant-garde de l’armée ennemie en marche. Ils veulent prévenir Caer Dathyl de l’imminence d’une invasion de Prydain par le roi à tête de cerf. En chemin, ils rencontrent le prince barde Fflewddur Fflam et le nain Doli, avec qui ils tenteront de récupérer la précieuse Hen Wen.

Pour déjouer les plans du terrible Arawn, Taran devra échapper aux  invincibles Fils du Chaudron et devenir un héros.

Le livre des trois quoi ?

Du grand livre éponyme, il n’est pas dit grand-chose : Taran soupçonne que le Livre des Trois contient tous les secrets du monde, mais il se brûle les doigts en en caressant la reliure. Le secret est jalousement gardé par Dallben. Autant dire que le titre du premier roman du cycle est usurpé. Il aurait dû s’appeler « Le roi cornu » ou « A la recherche d’Hen Wen » ou « Prydain assiégé». On ne sait même pas, dans ce premier tome, d’où vient le nom du grimoire secret.

Le parcours du jeune et peu futé Taran est un classique du jeu de rôle : emprisonnement dans un cachot, découverte d’un tombeau, visite chez le roi des nains, balade en forêt, rencontre avec les loups, etc. Les personnages n’ont pas le temps d’avoir trop d’états d’âme. Ils sont tour à tour chasseurs (de truie) et chassés (par les armées du roi cornu). Aucun répit. La tension monte jusqu’au dénouement « spatha ex machina » (« l’épée sortie de la machine »), qui permet à l’auteur de sauter droit au but, façon Hiroshima. Une économie d’environ cent pages.  

A son départ, Taran est inculte. Il ne sait pratiquement rien de la vie, si ce n’est élever des porcs et faire tournoyer une épée. Les personnages sont un peu des caricatures d’eux-mêmes. Ils ont des tics psychologiques. Des obsessions comportementales. Mais ils sont aussi facilement identifiables pour les jeunes enfants et deviennent de parfaits toons potentiels.  Si le roman n’était pas si long, il pourrait presque être lu par des enfants de 8 ans (plutôt des garçons, l’univers est masculin, la jeune Eilonwy fait figure de faire-valoir féminin).

Roman d’initiation, encore peu commun à l’époque où il fut écrit, Le Livre des Trois est un vrai livre d’initiation à la fantasy. La parution du second tome « Le chaudron noir » permettra même d’initier le jeune lecteur à la comparaison entre une œuvre originale et sa transposition cinématographique.

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