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La Guerrière oubliée

Patrick Marcel (Traducteur), Alain Brion (Illustrateur de couverture), Mary Gentle ( Auteur)
Aux éditions : 
Date de parution : 30/09/08  -  Livre
ISBN : 9782070359578
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tony   - le 27/09/2018

La Guerrière oubliée

Ecrivain britannique née en 1956, Mary Gentle publie son premier roman en 1977. Elle est l’auteur de nombreuses nouvelles et romans, dont Les fils de la sorcière. Le livre de Cendres est une uchronie sous forme de roman historique avec une femme évoquant Jeanne d’Arc en figure centrale.

Un pan d’histoire oublié

L’Europe du quinzième siècle est sous l’invasion de l’armée Carthaginoise ; seule la Bourgogne résiste encore. Le récit nous met au cœur du quotidien d’une troupe de mercenaires qui lutte contre les envahisseurs.

Et c'est tout un pan de l’histoire européenne passée sous silence, que tente de mettre en lumière un universitaire, Pierce Ratcliff, en traduisant des documents ayant trait à l’histoire de Cendres, la jeune femme qui a conduit cette troupe de mercenaires. Le roman navigue ainsi entre le récit des événements proprement dit et la relation épistolaire entre Ratcliff et sa directrice littéraire, qui soutient son projet.

Une anti-Jeanne d’Arc

L’héroïne de ce roman ressemble à bien des égards à Jeanne d’Arc : elle entend des voix et dirige des hommes à la bataille mais les ressemblances s’arrêtent là. C’est une femme, et non une pucelle. Elle est grossière, ambitieuse et ne s’en laisse pas compter dans un monde d’hommes. Le récit nous montre toute l’âpreté et la cruauté de cette époque médiévale ainsi que les difficiles choix à faire pour survivre. Son statut de commandant d’une importante troupe de mercenaires ne facilite pas les choses, et l’auteur rend bien les doutes et nombreux sacrifices que nécessitent une telle position.

Les passages de correspondance entre Ratcliff et sa directrice littéraire prenennt en quelque sorte le contrepied du récit de la vie de soudard de Cendres, qui , du coup, gagne en crédibilité et vraisemblance. De nombreuses notes de bas de pages contribuent à donner de la profondeur et de la richesse à l’histoire. Une mise en abyme et un jeu avec le lecteur qui permet une habile prise de distance .

Un roman exigeant

Ce qui fait la force de ce roman est sans doute aussi sa faiblesse : il n’est pas aisé de s’attacher aux personnages, la chronique de la vie de Cendres se trouvant entrecoupée par de – peut-être – trop nombreux épisodes épistolaires, même si, force est de constater que sans eux, le roman perdrait en profondeur ce qu’il gagnerait en fluidité. L’auteur joue aussi beaucoup sur l’ambiguïté entre réalité et fiction dans le fond comme dans la forme. Il laisse le lecteur loin du texte, si l’on peut dire. On se trouve en quelque sorte à l’entrée d’une immense pièce dont on devine les éléments mais sans pouvoir encore y entrer.

C’est donc un roman déstabilisant, intéressant pour ce qu’il laisse entrevoir, mais qui ne se laisse pas appréhender facilement. Quoiqu’il en soit, cela reste un excellent début de cycle qu’il vaut sans doute mieux lire avec sa suite pour en apprécier toutes les qualités.
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