La dispersion des ténèbres

Ecrivain britannique assez peu connue en France, Mary Gentle publie son premier roman en 1977. Elle est l’auteur de nombreuses nouvelles et romans, dont Les fils de la sorcière. Le livre de Cendres est une uchronie en quatre volumes avec une femme évoquant Jeanne d’Arc en figure centrale. Là où les premiers volumes nous font découvrir un peu plus avant un monde médiéval subtilement différent du nôtre, les deux derniers s’orientent plus précisément vers la science-fiction, tout en maintenant inchangé l’alternance entre les passages de correspondances et le roman même. Les questions posées au début du cycle trouvent ici leurs réponses.

Le siège se poursuit

Suite à la mort de Charles le Téméraire, la Bourgogne a de nouveau une duchesse pour faire face aux noirs desseins des machines sauvages. Mais le siège de Dijon se poursuit, et la chute de la ville sonnerait aussi celle de l’humanité. Dans ce contexte, Cendres est nommée commandant en chef des forces de la ville, et doit faire face à de nouvelles responsabilités.

Les horreurs de la Guerre

Le dernier volume du cycle nous montre une Cendres plus humaine que jamais, confrontée à des situations difficiles mais qui de par sa formation et son vécu est finalement à même de prendre les bonnes décisions, ou les moins dommageables pour la survie de sa petite troupe. Mais elle n’est pas seule, et c’est aussi grâce au soutien de ses amis les plus proches qu’elle pourra accomplir des miracles.

Cette ultime partie conclut un cycle dont chaque suite répond aux autres et où tous les éléments se recoupent rétrospectivement. Une belle maîtrise pour ce cycle qui commence en douceur, de manière classique, pour mieux nous surprendre ensuite. Mary Gentle montre un vrai talent dans la narration et la progression du récit : le personnage de Cendres est présenté tant par son regard même qu’au travers du regard des autres, contribuant à développer un personnage complexe, aux multiples facettes. Un personnage que la guerre mais surtout les rencontres auront construit comme une personnalité unique, avec ses qualités et ses défauts. Les réponses aux énigmes posées lors des premiers volumes s’éclairent aussi, le cycle garde sa cohérence d’un bout à l’autre, et la guerre est présentée dans toute son ambiguïté, dans son aspect destructeur mais aussi comme porteuse d'espoirs.

Une fin en apothéose, un récit mené avec maîtrise et talent, où les frontières entre les genres sont ténues. Tout le talent de Mary Gentle consiste à en jouer avec brio, en donnant un personnage riche, complexe et attachant.