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Terres lointaines 1

Léo (Scénariste), Icar (Dessinateur)
Aux éditions : 
Date de parution : 28/02/09  -  BD
ISBN : 9782205060423
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Christian   - le 31/10/2017

Terres lointaines 1

Un mois après Antarès 2, Léo, le dessinateur du red mountie Trent et de Kenya, plus connu pour ses trois séries des Mondes d’Aldébaran (Aldébaran, Bételgeuse, Antarès), lance une nouvelle série SF, Terres lointaines, qui ne porte pas, cette fois-ci, le nom de l’étoile la plus proche (Altaïr). Comme pour la série Dexter London, il n’en est que le scénariste, mais les similitudes narratives et graphiques avec ses trois séries fétiches lui donnent des allures de quatrième série du même univers, voire de série dérivée (un spin-off).  En fait, mieux vaut ne pas se fier aux apparences, il y a de subtiles nuances.

Le pitch est proche des mondes d’Aldébaran : on y aborde une nouvelle planète, Altaïr-3, qu’on découvre au gré du déplacement des personnages. Ici, le biotope hostile n’est pas terrestre, mais marin. La planète est déjà colonisée. Les secteurs urbanisés s’étirent comme d’immenses favelas. La faune excentrique fait place ici à une faune humaine bien connue des ghettos. Les personnages principaux ne sont plus des scientifiques, mais d’humbles citoyens, en quête de survie sociale. Le danger quotidien se niche au cœur de la société. À la manière des mantrisses d’Aldébaran, un alien bienveillant vient à leur secours.

Au premier abord, les styles graphiques sont proches, mais Léo ne cherche pas à rassembler autour de lui, comme Jacques Martin, des dessinateurs clones. Pour cette série, Léo (Luiz Eduardo de Oliveira) s’est adjoint les services du dessinateur Franck Picard, alias Francard ou Icar, connu pour ses séries SF Jeepster, Fatum et plus récemment Anamorphose. Une valeur sûre, évoluant dans des univers sémiologiquement voisins d’Aldébaran.

Père perdu

À bord d’une navette spatiale, Paul, Daphné et leur mère s’apprêtent à atterrir sur Altaïr-3 pour rejoindre leur père, parti quelques années plus tôt. Non seulement celui-ci ne vient pas les accueillir à l’aéroport, mais il est injoignable. Son nom ne figure sur aucun annuaire. Les trois arrivants en sont réduits à trouver un hôtel non loin de là et à trouver un emploi pour survivre. Ce n’est pas simple et cela devient même une activité périlleuse compte tenu du quartier. Tandis qu’ils sont agressés par trois pervers en pleine rue, un « Stepanerk », aux allures de homard, vient à leur rescousse.

Cet alien, vieux jeu, intelligent et redoutable, ne supporte pas la violence et la bêtise humaine. Il compatit au désarroi de la famille perdue et aide Paul à retrouver son père (comme substitut du père, en plus protecteur et plus inquiétant, on ne fait pas mieux). L’enquête commence curieusement dans un lieu de prostitution local, où de serviles automates cèdent aux fantasmes de leurs clients. Puis elle prend une tournure nouvelle qu’affectionne particulièrement le scénariste : le voyage vers l’inconnu.

Un hommard à l’américaine

Il y a deux héros à cette aventure. Paul, dix-huit ans, fils de son père disparu, et un Stepanerk, dont le nom est imprononçable pour un humain. Ce Stepanerk, qui fait la couverture de la BD, est un hybride d’homme et de crustacé. Une espèce « d’hommard » (homme-homard). Il est, avec les monstres marins, la vraie touche exotique de la planète. L’arrivée de la petite famille n’a, en effet, rien de très dépaysant : un aéroport, une ville qui s’étend plus en largeur qu’en hauteur, des quartiers sordides, des routes, des voitures, des motos. L’exotisme est plus psychologique que visuel. La mère, le fils et la fille ne se sentent pas en sécurité. Le seul lien avec cette terre étrangère, le père, a été rompu.

Plus Paul prend de l’assurance et élargit son cercle de déplacement, plus on découvre la vraie nature de la planète, mais, à l’opposé des mondes d’Aldébaran, la découverte est lente et progressive. À partir du voyage en mer vers un autre continent, nous entrons dans un schéma plus conforme au Léo découvreur de planète.

Sur le plan graphique, on n’échappe pas naturellement à une comparaison Léo-Icar. Le trait d’Icar est plus élégant. Les expressions sont moins crispées. Les corps ne sont pas rigides et figés dans une improbable pose. Trait purement Icarien, les visages sont longs et presque triangulaires. Les fronts sont souvent dégagés ou dégarnis.

Autre trait, moins sympathique, Icar multiplie les stries noires (lignes dessinées) pour figurer une texture ou tout simplement une ombre, comme dans certaines séries comics. Cela assombrit certaines cases et atténue la dynamique des couleurs, comme si l'on restait dans un format intermédiaire entre le noir et blanc et la couleur, sans se résoudre à l’un ou à l’autre. Comme si le dessinateur Icar jalousait le coloriste Icar. On préférerait que le coloriste prenne un peu plus le pas sur l’autre.

Les couleurs sont moins vives que celles des mondes d’Aldébaran, mais les tonalités ne sont pas ternes pour autant. Le bleu du ciel et de la mer, le rouge de l’hommard, la veste jaune de Paul et les autres habits colorés contrastent avec les décors gris-blanc de la ville.

La fin de l’album ouvre de nouvelles perspectives. Il se pourrait qu’Altaïr-3 ne soit qu’une porte d’entrée vers d’autres planètes et que la recherche du père conduise Paul beaucoup plus loin qu’il ne l’avait imaginé.

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