Taltos

Depuis 2005, les éditions Mnémos parient sur Steven Brust et son cycle de fantasy Vlad Taltos. En deux ans, pas moins de quatre tomes de cette série ont été traduits et publiés en français sur les dix qu'il a écrits aux Etats-Unis. Auparavant, on n'avait pu lire de Steven Brust en France qu'Agyar, publié aujourd'hui par Gallimard. Une oeuvre qui relevait déjà des littératures de l'imaginaire. Et en avril 2006, Mnémos toujours a publié La Nuit du prédateur, un roman écrit en collaboration avec Megan Lindhom (alias Robin Hobb). Une bibliographie à laquelle il faut ajouter une demi-douzaine d'autres livres qui restent eux à traduire.

Vlad, assassin et caïd

Vlad est un jeune malfrat qui règne sur un quartier de la ville d'Adrilankha. Il gère avec fermeté et bienveillance quelques tripots et commerces illicites. Un boulot qu'il cumule avec son premier métier : celui d'assassin. Et dans sa partie, Vlad est ce qui s'appelle un crack, ce qui lui vaut d'être sollicité pour des affaires extrêmement compliquées et dangeureuses. Pour une fois, dans Taltos, ce n'est pas un meurtre qu'on va lui demander de perpétrer, mais un voyage. Et quel voyage ! Une vampire lui demande d'aller chercher une âme dans le pays des morts, rien de moins ! Malheureusement, vu son commanditaire, Vlad n'a pas vraiment d'autre choix que de s'exécuter.

Efficace, même si...

Plutôt que d'enchaîner des énormes pavés de fantasy dans un cycle interminable, Steven Brust a choisi de faire des tomes relativement courts (240 pages) qui peuvent se lire indépendamment. C'est le choix de la simplicité et jusqu'ici on peut dire que le pari a été gagnant avec des romans distrayants sans être trop ambitieux Dans le même temps il n'a pas oublié de composer un personnage principal  attachant, bourré d'humour, d'humilité et de courage.

C'est d'ailleurs un peu là où le bât blesse dans Taltos. En fait, l'intrigue principale du périple au pays des morts est bien moins intéressante que l'histoire que nous raconte l'auteur entre les chapitres : celle de l'enfance et de l'ascension de Vlad vers le pouvoir. Quand il se concentre sur son personnage, c'est passionnant. Mais du coup, le voyage passe alors au second plan. Et c'est un peu dommage car c'est pourtant le sujet principal du livre. Il se crée alors une sorte de frustration, comme si Steven Brust avait bâti un récit d'agrément pour enrober une histoire qui, elle, délivre des informations capitales sur le héros. Comme s'il s'était trompé de cible...

Voilà qui montre peut-être les limites du choix de faire des tomes indépendants. Peut-être manque-t-il un lien entre les récits... A voir comment Steven Brust fait évoluer sa série dans les six tomes qu'il nous reste à découvrir.