La Vallée des Neuf Cités

Bernard Simonay, est un auteur prolixe, tantôt décrié, tantôt apprécié... Il étonne parfois ses lecteurs par les différents genres auxquels il s'essaye, de la science fantasy (le cycle des Enfants de l'Atlantide) en passant par le roman policier (La fille du Diable), les romans d'aventure (Le Tigre de Tasmanie, Princesse Maorie) ou encore les romans historiques (la trilogie de la Pyramide, la Louve de Cornouaille).
On lui doit entre autres : le cycle Phénix, (dont le premier roman éponyme fut récompensé par le prix Julia Verlanger et le prix Cosmos en 1987), ainsi que
la Porte de bronze (prix Julia Verlanger en 1995) et plus récemment La prophétie des Glaces (sorti en 2009).

Ses thèmes de prédilection sont l'affirmation de soi, l'écologie, la religion et ses possibles dérives.

Parcours initiatique d'un homme.

La Vallée des Neuf Cités nous entraîne dans un monde reconnu rapidement comme post-apocalyptique, revenu à la féodalité.
Hegon (futur dieu Lakor) est craint par les puissants depuis que la Baleüspâ l'a désigné comme étant celui qui vaincrait le mystérieux Loos' Ahn à son neuvième passage. Remettant progressivement en cause la religion et l'ordre établi, Hegon se fait beaucoup d'ennemis en Medgaarthâ et va devoir se trouver de nouveaux alliés pour accomplir son destin.
Ses aventures le mèneront en différentes contrées, où il pourra confronter la culture, la religion et le mode de pensée de la Vallée avec celles de ces nouveaux pays.
A force d'épreuves, Hegon va être amené à mûrir, à se forger en tant qu' homme, béni des dieux...

Les aventures d'un futur dieu: un suspense prenant malgré quelques clichés.

L'histoire nous emmène à suivre le parcours du futur dieu Lakor, fondateur de la célèbre Gwondaleya, cité florissante des héros de Phénix. Nul besoin d'avoir lu la trilogie pour aborder cette aventure antérieure.
Mais serait-ce parce que l'auteur nous rapporte l'épopée d'un homme déifié que certaines choses semblent caricaturales ? Les gentils (vraiment gentils ou presque) sont attaqués voir persécutés par les méchants (vraiment méchants, de type irrécupérable). De même: le héros (qui est un surhomme, que la modestie n'étouffe pas)  subit la perte d'êtres chers (ce qui le fait souffrir mais le rend plus fort). OK...
Mais une fois ces quelques clichés admis, on se laisse facilement prendre au suspense des aventures périlleuses d'Hegon et aux multiples rebondissements de l'histoire. On découvre peu à peu son univers et ses différents habitants.

Un univers riche et complexe, terre de réflexion.

En Medgaarthâ, on retrouve certaines croyances et pratiques ressemblant beaucoup aux histoires de la mythologie scandinave. Il y a là un grand travail de l'auteur, qui s'est visiblement beaucoup documenté sur le sujet, apportant sa touche personnelle afin de donner vie aux pratiques de la Vallée d'Hegon. De même, on retrouve plusieurs autres mythes au sein du roman, comme celui de Perséphone retransposé dans la culture amanite.
On croit d'autant plus au monde dans lequel évolue le héros, qu'il est bien abouti, structuré et riche. Trop même... Le lecteur peut facilement se perdre dans les différents termes et nouvelles appellations, dommage...

D'autre part, on retrouve deux des thèmes chers à Bernard Simonay: l'écologie et les dérives religieuses. En comparant les différentes cités et époques, l'auteur amène son héros (et le lecteur) à réfléchir sur ces deux idées.
Malheureusement, il en devient trop sentencieux et cela fini par lasser. Peut-être faudrait-il laisser un champ de réflexion plus large pour le lecteur, que de lui faire lire des sermons, peut-être trop souvent lus ou entendus... Force est de constater que Bernard Simonay  aborde des sujets contemporains via ses romans, il faudrait juste peut-être une petite touche de subtilité... Tout n'est pas blanc ou noir... Ou du moins, on peine à le croire.
 
La Vallée des Neuf Citées est un livre assez divertissant qui se lit très facilement, et assez rapidement. Les fans apprécieront. Et certains parmi les plus curieux se laisseront tenter...