Christian
- le 31/10/2017
Antarès 3
Après les cycles d’Aldébaran et de Bételgeuse, celui d’Antarès n'est pas passé inaperçu. Le dernier album, tiré par Dargaud à 110 000 exemplaires (le tome 1 d’Aldébaran avait été tiré à 8000), était très attendu, car plus encore que dans les autres séries, la colonisation de la nouvelle planète paraissait compromise et sujette à conjecture. Le suspense était bien ménagé : les disparitions constatées par les trois explorateurs sur place, la mystérieuse secte qui semble contrôler l'expédition, « l’antarissage » quelque peu mouvementé d’une partie de l’équipage, semblaient en mesure de tout remettre en question. Sans compter la faune et la flore, aussi mystérieuses qu’impitoyables, qui n'ont de cesse de harceler les envahisseurs humains.
Dans ce troisième épisode, Leo prolonge le suspense. Il s’attarde, pour notre plus grand plaisir, sur les pérégrinations de l’équipage perdu en pleine jungle et nous fait visiter de plus près la végétation et les plages antariennes. Au passage, il livre quelques indices sur ce qui pourrait être le sort de nos héros et le secret d’Antarès.
Tourisme tout risque
Kim, sa fille Lynn et l'équipe échouée dans la jungle tentent de rejoindre par leurs propres moyens le camp de base. Ils progressent le long d'une plage en bordure de forêt. Le voyage est long et périlleux. Balloté entre reptile géant, singes vampires et crustacés venimeux, le groupe se serre les coudes, mais y perd des plumes. Pour corser le tout, une nouvelle menace plane sur Kim. Quand elle part à la chasse, son amie Lan essaie de prendre sa place auprès de Marc.
Au camp de base, les responsables refusent d'envoyer des secours. Heureusement, Kim y a quelques amis.
Antarès, en toute intimité
Il n'est cette fois plus question de voyage interstellaire, mais de découverte de la planète. Leo centre le point de vue sur le petit groupe de Kim, qui après un « antarissage » malheureux, cherche à rejoindre le camp de base dominé par les responsables de la secte qui a organisé l'expédition. Il focalise l'attention sur l'écosystème antarien et sur les relations au sein du groupe, comme en témoigne la couverture. Moins de manipulation, moins de technologie, moins de politique, mais davantage de sentiment d'isolement au sein de cette jungle géante, aux menaces surprenantes. À bord d'une chenille de transport, le petit groupe de rescapés longe la plage pour filer plus vite et éviter les pièges de la forêt dense. Ce qui leur vaut quelques déconvenues avec quelques espèces voraces locales.
Côté sentiment, les frontières bougent. Amos en pince pour Kim, mais Kim reste fidèle à Marc. Pour Marc, c'est plus compliqué car il est sollicité sexuellement par Maï Lan, la fidèle amie de Kim. Le passage par la case Antarès risque de changer la donne affective.
On a tout dit des dessins de Leo, dont plusieurs expositions sur les mondes d'Aldébaran ont traversé la France cette année (Expos FNAC, Utopiales, ...) : qu'ils étaient figés, que les visages étaient inexpressifs et excessifs dans leurs expressions émotionnelles, que les yeux ne dégageaient pas de lueur d'intelligence, que les corps, le plus souvent statiques, étaient plutôt réussis. Que les animaux, des plus familiers aux plus exotiques, étaient mieux dessinés que les humains. Une chose est sûre : la solidité et les rebondissements du scénario font vite oublier les imperfections du dessin, qui reste tout de même d'une haute tenue. Leo profite habilement, du reste, de la biodiversité d'Antarès pour varier la palette des couleurs et offrir des pages très agréables à regarder.
Quant à l'intrigue principale de la série, la présence d'entités intelligentes cachées, elle se précise en fin d'album. Une nouvelle disparition fait poindre leur origine au sein du système Antarès.
Cet épisode est une sorte de pause intime et pittoresque dans le récit de la colonisation d'Antarès. Un souffle de milieu de parcours qui précède une révélation ou une succession de rebondissements. Une série SF de référence et de qualité, plébiscitée par les lecteurs. Ne boudez pas votre plaisir.