Commençant à se faire connaître en France grâce au
Chant d'Ekhirit paru l'an dernier chez Griffe d'Encre, Olivier May poursuit la construction d'une œuvre militante avec
Excision. Après avoir traité des effets économiques et sociaux d'un effet de serre accéléré dans
Effet de serre ou des dérives du communautarisme dans
Droit à la différence, cet auteur suisse dénonce les pratiques mutilatrices pratiquées sur les femmes par certains extrémistes musulmans.
Une enquête dans les milieux islamistes par une femme-flic excisée Deux attentats successifs, déguisés en braquage, surviennent en Suisse. À chaque fois, une figure mondiale de la lutte contre l'islamisme était présente et a échappé à la mort. Aayan, femme-flic qui a été victime d'excision dans son enfance, et a écrit un livre qui lui a valu d'être la cible d'une
fatwa, enquête...
Un texte dénonciateur ne montrant aucune concession Difficile de résumer la dernière novella signée Olivier May sans révéler trop de l'intrigue. L'enquête d'Aayan représente en effet une petite partie de la centaine de pages qui forment
Excision. L'auteur raconte une histoire tassée, une intrigue basée sur une idée simple mais qui prend vraiment de l'intérêt en sa toute fin. En réalité, Olivier May décrit avant tout un personnage, et à travers lui les drames que connaissent nombre de femmes, dans le silence. Excision, infabulation, autant de pratiques barbares et donc inacceptables. Mais pour Ayaan, elles sont surtout le symbole d'un combat contre les islamistes qui s'opposent à la liberté et l'égalité des sexes que recherchent, à juste titre, les femmes.
Excision est donc un texte engagé, incitateur d'un combat contre des pratiques barbares, des mutilations infligées sous le couvert d'excuses religieuses, ayant avant tout pour effet de rabaisser la femme. Toutefois, si Olivier May est doué pour dénoncer, il a le défaut de ne pas y aller de main morte et de « tirer dans le tas ». Déjà, dans
Le Chant d'Ekhirit, il faisait punir des pédophiles sans trop se poser de question. Dans
Excision, il confond peut-être trop islamisme – terme controversé pouvant être synonyme de prosélytisme musulman – et terrorisme. Car c'est bien à des terroristes qu'Aayan est confrontée.
Olivier May signe donc encore une fois une novella dans laquelle il ne mâche pas ses mots et ses idées. L'intention est louable. Le peu de subtilité dont il fait preuve pourrait toutefois nuire à la portée de son propos. Un sujet délicat, donc, qui mérite peut-être plus qu'une centaine de pages pour être décortiqué, mais qui est malheureusement bien trop rarement évoqué en fiction.