John Ajvide Lindqvist est né en 1968 à Blackeberg dans la banlieue de Stockholm. Prestidigitateur et ancien acteur de stand-up pendant douze ans, il devient en 2004 l'auteur d'un des plus gros best-sellers en Suède tous genres confondus avec son roman Laisse moi entrer.
Il a également signé l'adaptation du livre au cinéma. Le film Let the right one in-Morse a remporté de nombreux prix.
Sanglante love story en banlieue
Oskar est jeune garçon de douze ans. Il vit seul avec sa mère dans une banlieue glacée de Stockholm. Il est martyrisé par trois adolescents de son collège et trouve refuge dans les BD gores qu'il dévore.
Eli a emménagé un soir dans l'appartement voisin d'Oskar. Elle sort le soir, semble ne craindre ni le froid ni la neige et exhale une odeur douceâtre et indéfinissable.
Chacun à la recherche d'un ami ou tout simplement d'une écoute, ils vont se rencontrer et vivre une histoire hors du commun.
Un drôle de conte obsédant et glaçant
John Ajvide Lindqvist propose un roman extrêmement noir se déroulant au cœur d'une banlieue de Stockholm. Avec une écriture très forte et réaliste, l'auteur réussit à décrire l'univers glauque de cette petite ville. L'hiver Suédois et son froid glacial, la neige toujours présente, donnent une ambiance angoissante à l'histoire.
Les seconds rôles sont caricaturés « banlieue » et stéréotypés, mais malgré cela ils portent en eux des blessures bien souvent indicibles. Eli et Oskar réservent eux aussi bien des surprises au fil des pages. Les affres d'Oskar à trouver un ami, une oreille attentive à son mal être va trouver un écho avec Eli, mais cela ne se passera pas sans mal.
Car d'autres acteurs sont présents autour d'eux et tout aussi torturés. L'auteur, par leur intermédiaire, traite d'alcoolisme, de drogue mais aussi de pédophilie et d'abandon. L'écrivain aborde ces thèmes difficiles et souvent tabous avec son style simple. Utilisant ces différents héros, comme Oskar et sa soif d'écoute après la séparation de ses parents, ou encore le pauvre Gösta entouré de ses chats, son seul univers, l'amour interdit d' Häkan et ses pulsions pédophiles ou l'enivrement constant de la bande de Virginia, il dénonce une société égoïste et incapable de réconfort pour les plus démunis.
On trouve donc dans ce roman une critique sociale forte et acide au goût salé du sang. Car il ne faut pas oublié que le thème de l'intrigue est un vampire. Mais là aussi l'auteur apporte sa touche bien à lui. Balayant les stéréotypes du genre, il présente un nouveau vampire. Plus introverti, il porte en lui la malédiction de son statut de suceur de sang. Eli est en effet un vampire qui se présente comme un ado. Comme eux il se cherche. Nous sommes loin de Lestat ou du Comte Dracula... Il supporte mal son besoin de sang et son amitié avec Oskar va le pousser à faire des choix cruciaux. La rencontre des deux adolescents, leur amitié et surtout cette descente aux enfers que vit Oskar (entre le moment où il comprend la vraie nature d' Eli et l'explication des meurtres qui ont lieu, mais aussi la compréhension de ses propres pulsions meurtrières en réactions des brimades qu'il reçoit continuellement) sont vraiment de toute beauté.
Le seul petit point noir du roman est la présentation de l'origine d 'Elli : des flashbacks rapides avec un peu trop de raccourcis qui n'expliquent pas tout. La transformation d'Eli n'est pas beaucoup décrite. L'origine du faible nombre de vampires présent dans le monde est simplement justifiée par le suicide ce ceux-ci devant leur obligation de se nourrir de sang humain. C'est bien dommage car la mort d'un des personnages, qui se retrouve dans cette situation, est un grand moment du livre.
Malgré cela, sans jamais tomber dans la facilité d'un gore gratuit, Lindqvist arrive avec une tendresse bien à lui à signer un roman terrifiant qui vous ne laissera pas indifférent.