Le Sang des Bâtisseurs - Livre 1

Le Sang des Bâtisseurs - Livre 1

Michael Le Galli baigne dans la bande dessinée depuis son adolescence, voire même avant. Responsable de bédéthèque, il laisse tomber des recherches en ethnologie pour se consacrer totalement au scénario. On lui doit des séries comme Watch et Les Cercles d'Akamoth, ainsi que d'autres histoires.

Marie Jaffredo a déjà plusieurs réalisations diverses à son actif, dont Et si... (scénario et dessin). Elle a travaillé avec Le Galli sur la série des Démons de Marie et continue avec le diptyque du Sang des Bâtisseurs.

De Pierre et de Sang

Le maître du domaine d'Eyglières est ennuyé, son maître bâtisseur étant mort. Il fait appel à un autre architecte et a la surprise de voir arriver une jeune femme, fille de celui qu'il attendait. Margot Saint-Benoît, malgré ses compétences, doit s'imposer et prendre l'ascendant sur les ouvriers si elle veut terminer l'œuvre inachevée.

Mais d'étranges meurtres rituels ensanglantent le chantier, générant suspicion et inquiétude parmi la petite communauté. Entre les visions cauchemardesques de Margot et les agissements en coulisse du clergé, l'ambiance s'alourdit de plus en plus.

Un bon thriller médiéval fantastique

Avec Le Sang des Bâtisseurs, nous plongeons dans un univers proche de celui du Nom de la Rose, rempli de faux-semblants, de compromissions et de traités discrets. Rien n'est sûr, mais les personnes qui gardent la tête sur leurs épaules et savent reconnaître leurs amis ont plus de chance que les autres de ne pas sombrer.

Le Galli sait créer des personnages vivants, avec de la volonté et de la profondeur. Il arrive aussi parfaitement à les mettre en situation, à laisser paraître leurs faiblesses et leurs fêlures, à les dénuder. L'aventure qu'il nous propose est d'abord humaine, avant d'être fantastique et, par-derrière, politique. C’est peut-être le seul bémol de cet album : les agissements en douce du clergé sont parfois difficiles à décrypter et à comprendre. Mais le second tome devrait expliquer tout ce qui questionne le lecteur en refermant ce volet.

Le dessin de Marie Jaffredo est étonnant, tranchant sur la norme utilisée dans la plupart des parutions actuelles. Les couleurs pastel délavé mêlées à un trait discret donnent un charme un peu passé, désuet aux cases de l'album. Une composition qui s'inscrit tout à fait dans l'ambiance tant de l'époque évoquée que de l'atmosphère de l'histoire. Les visages comme les corps sont expressifs, pleins d'énergie et de détermination.

Le décor n'est pas laissé de côté, il est présent presque dans chaque case, même s'il ne s'agit que de quelques traits, se transformant en une réalité concrète, un support solide à l'intrigue. En particulier, l'abbaye en construction est un personnage en elle-même, rendue avec une foule de détails d'un réalisme confondant. Sans doute la formation initiale de la dessinatrice (architecte-urbaniste) a-t-elle aidé, mais le résultat est là : un bel album.