La Conjuration de Cluny

La Conjuration de Cluny

Luca Malisan est un dessinateur italien que l'on a déjà croisé en France à de nombreuses reprises, d'abord en tant que coloriste sur des albums comme Section financière ou Le Syndrome de Caïn, puis, depuis juin 2009, en tant que dessinateur pour La Croisade des Enfants. Pour La Conjuration de Cluny, il s'est associé avec Didier Alcante qui signe le scénario. À noter que ce dernier a également été aux manettes de plusieurs albums flirtant avec le fantastique ou la science fiction : Les Gardiens des Enfers, Jason Brice, Pandora Box ou Re-Mind.

L'abbaye de Cluny au temps des croisades

Ce one shot nous entraîne dans l'abbaye de Cluny au XIII^ème siècle. C'est à l'époque un centre religieux important dont la voix compte beaucoup pour la chrétienté et pour le pape. L'abbaye est dirigée par l'abbé Guillaume qui doit faire face à des contestations en interne. Certains dans ses rangs lui reprochent son ouverture d'esprit et son manque de fermeté à l'égard des musulmans. La tension monte d'un cran lorsque le chevalier Godefroid, ancien pensionnaire de Cluny, revient de dix ans de combats pendant les croisades avec un de ses amis qui est justement musulman... C'est également le moment que choisit l'un des émissaires du pape pour arriver à l'abbaye et demander audience à Guillaume afin d'évoquer une possible nouvelle croisade...

Des dessins décevants mais une bonne histoire

Avec La Conjuration de Cluny, Didier Alcante et Luca Malisan nous offrent une plongée passionnante en plein cœur du Moyen-Âge. On y découvre avec plaisir une abbaye rongée par les dissensions internes à cause des croisades, reflet d'une société qui s'interroge à l'époque sur leur utilité et sur l'inconnu que représente le monde arabe. Le scénario a en plus le mérite d'éviter les chausse-trapes et d'imposer au lecteur une certaine tension tout au long de l'aventure, ménageant un vrai suspense durant 56 pages. L'album se veut également très actuel, mettant en relation la logique de certains personnages malintentionnés du XIII^ème siècle avec certains dirigeants du XXI^ème. Ce sera à chaque lecteur de décider une fois l'album refermé si cet objectif est atteint. Celui du divertissement l'est en tout cas sans aucun doute.

Seuls bémols, quelques grosses ficelles dans le scénario et un dessin trop inégal pour que l'on puisse l'admirer. Les cases de Luca Malisan manquent parfois de profondeur et de dynamisme. Rien de très gênant pour la lecture. Un album que l'on ne peut que conseiller...