La Saison de la Coulœuvre 3

La Saison de la Coulœuvre 3

Les amateurs de littératures de science-fiction connaissent bien Serge Lehman, qui s'est illustré dans les années quatre-vingt dix avec des romans comme F.A.U.S.T. (1996) ou Aucune étoile aussi lointaine (1998). Ces dernières années, c'est toutefois plutôt en tant que scénariste de bande dessinées (Thomas Lestrange, La Brigade chimérique et bien sûr La Saison de la Coulœuvre) et anthologiste (Retour sur l'horizon) qu'il a fait parler de lui.
Lehman et Jean-Marie Michaud, dessinateur corse né en 66 (La Dernière fée du pays d'Arvor, De Profundis...), ont signé un début de série qui, tant avec le tome 1 qu'avec le tome 2, avait fait forte impression. Mais toute saga doit prendre fin, et il est temps de découvrir la conclusion des événements secouant l'Intersection 55...
En effet, la fin est proche : tandis que Lars, engoncé dans l'armure de Xtalassar, sème la panique dans le nexus, Derec Finn, Rhéa, le Médiateur Jarmil, la Sentinelle Diane Bendix et Larkam l'historien du réseau, partent explorer le secteur des Mystères afin de découvrir ce qui provoque les manifestations de la Coulœuvre et la déstabilisation de l'Intersection.

Tous les secrets du monde des Mohaïs dévoilés ?

Ce troisième tome de La Saison de la Coulœuvre commence directement après les événements de l'épisode précédent et le lecteur est donc plongé dès la première planche au cœur de l'action. La couleur, utilisée par Jean-Marie Michaud pour signifier l'instabilité, les émanations sentimentales, le retour à l'âme sauvage des Mohaïs, est donc particulièrement utilisée dans ce dernier album de la série. Le dessinateur, toutefois, ne se surpasse pas de la même façon que pour les deux autres bandes dessinées. La qualité est toujours la même, mais les plans fixes sont abandonnés au profit de découpages de planches plus dynamiques, adaptés à un histoire qui gagne en intensité, et d'une série de dessins en pleines pages illustrant l'étape clef du récit et son basculement en pleine métaphysique. La phase finale de l'album, enfin, est une nouvelle démonstration de la volonté des deux auteurs de La Saison de la Coulœuvre de jouer avec les codes de la bande dessinée.

Car en s'enfonçant au cœur du secteur des Mystères, les personnages principaux de la série vont effectuer un voyage bouleversant qui les amènera, donc, à découvrir l'origine des perturbations de l'Intersection 55. Sans dévoiler ce qu'elle est, on peut toutefois sans préjudice indiquer qu'ils seront confrontés à un événement qui, comme nous l'avons déjà indiqué, va déchirer la réalité telle qu'ils la perçoivent. Serge Lehman, dans le tome 2, exploitait certains de ses thèmes de prédilection, en décrivant un espace en dehors du temps construit par les Hiffiss et permettant d'accéder à d'autres phases temporelles. Dans ce troisième tome, c'est la relativité de la perception de l'univers qui est à l'honneur. On la découvre dépendante de bien des choses. La réalité, d'ailleurs, s'y enroule sur elle-même ; l'histoire n'y est pas forcément écrite par ses acteurs, mais peut-être l'histoire y fait-elle plutôt vivre ses protagonistes...

Serge Lehman et Jean-Marie Michaud signent un troisième album qui réussit l'exploit d'être aussi surprenant dans sa forme et dans son fond que les précédents, achevant une des meilleures séries de bandes dessinées de ces dernières années, une aventure fascinante et magnifiquement mise en images, à lire et à relire.