La Lignée

La Lignée

Guillermo Del Toro est un réalisateur connu, notamment pour avoir signé des films tels que Hellboy ou Made 2. Son univers fantasmagorique et effrayant a été reconnu par le monde artistique avec les trois oscars décernés à son film Le Labyrinthe de Pan. Mais pour écrire un livre, il lui fallait l’aide d’un écrivain et Chuck Hogan s’est associé à lui pour réaliser le commencement de la série La Lignée dont nous avons ici le premier tome. Chuck Hogan a quant à lui publié plusieurs thrillers salués par Stephen King, dont Face à face et Le Prince des braqueurs mais n’a pas encore connu un grand succès auprès du public.

Une épouvantable épidémie de vampires

Année 2009, un avion atterri à l’aéroport JFK de New York puis tombe en panne totale quelques secondes après. Premiers à pénétrer dans l’appareil, le docteur Ephraïm Goodweather et son équipe, tous épidémiologistes, découvrent un spectacle d’une horreur et d’une incompréhension sans pareil. Les quelques deux cents passagers que contient l’appareil sont tous morts. Tous sauf quatre personnes qui ne conservent ni séquelle ni souvenir de ce qui s’est passé.
A la nuit tombée, les corps disparaissent des morgues et se promènent dans New York, les patients attaquent leur entourage pour se nourrir de leur sang, le monde tel qu’il était connu commence à se détraquer. Avec l’aide inattendue d’un vieux Juif survivant de la Shoah et dépositaire d’un savoir ancien sur les vampires, Ephraïm tente de comprendre l’épidémie de vampirisme qui se propage et d’avertir le monde du danger qu’il court.

Le genre des vampires revisité et rendu à son horreur originelle

Guillermo Del Toro et Chuck Hogan réussissent dans ce premier livre un véritable coup de maître. Non seulement ils réinstallent les vampires dans notre monde actuel loin très loin des clichés auxquels nous sommes habitués mais ils les rendent aussi réalistes, tangibles, intégrés à notre histoire et nos cultures. En donnant une profondeur scientifique au mythe des vampires, ils ôtent l’aspect fantastique, et parfois glamour, des vampires mordant leurs victimes pour les transformer. Ici point de bellâtres blanchâtres ni de baisers sanglants mais des parasites, des aiguillons et des scènes d’horreur pure.
Toutefois, si nous mettons de côté l’idée novatrice du livre, on se rend compte que le livre est assez classique. L’écriture de Chuck Hogan est fluide, sympathique et très visuelle, sans être extraordinaire. Le scénario est efficace même s’il se déroule de façon assez attendue. Nous découvrons d’abord les personnages principaux et les horreurs du virus vampirique, puis nous pénétrons un petit peu plus en profondeur dans les rouages du déclenchement de l’épidémie et les conséquences sur New York et le monde. Le livre se déroule comme un film hollywoodien, un lieu principal aux Etats-Unis, des personnages bien définis, un scénario efficace, de nombreuses scènes d’action et d’horreur et une fin qui donne place à une suite. Le rôle et l’influence de Guillermo Del Toro sonts nets, si ce récit remporte un bon succès auprès des lecteurs, il sera très facile de l’adapter au cinéma. Il est malheureusement un peu dommage que le récit soit aussi centré sur New York, n’explore pas le reste du monde et ne prenne en compte que nos quelques héros. C’est une vision américaine, très auto-centriste, de l’histoire que nous offrent les deux auteurs.
En conclusion, Guillermo Del Toro et Chuck Hogan proposent ici un livre efficace, qui connaîtra probablement un petit succès mais ne restera sûrement pas dans les mémoires.