Hérogasme

Garth Ennis, Irlandais née en 1970, est connu dans le monde des comics pour ses scénarios plutôt violents et pour son humour noir. Parmi ses principaux succès, on signalera des séries comme Preacher, Hellblazer, Hitman, The Authority ou 303. Pour ce numéro exceptionnel de The Boys (il s'agit d'un spin-off par rapport à la série), il est accompagné de John McCrea avec qui il a déjà collaboré sur Hitman, Preacher, Judge Dredd, The Demon, Crisis, Superman ou Dicks.

 

The Boys se situe dans un monde où les super-héros s'occupent plus de marketing que de sauvegarde de l'humanité. Au fil des épisodes, on a découvert que ces individus sont en grande majorité des incapables libidineux contrôlés par une grande société qui gère leurs aventures afin de vendre un maximum de comics.

 

Ce huitième tome est la parfaite illustration de cet état de fait. Chaque année, les médias s'affolent, faisant état d'une menace extraterrestre cherchant à détruire la Terre, menace que les super-héros parviennent à contenir au prix de combats dantesques. En réalité, ce n'est qu'une mise en scène de plus pour accroitre leur notoriété et leurs ventes. Alors qu'ils sont censés se battre, les super-héros sont réunis dans un lieu secret pour plusieurs jours de fête. C'est l'Hérogasme, un délire d'alcool, de drogue et de sexe...

 

Cette année, l'événement est le cadre d'une visite importante, celle de celui qui devrait devenir le futur président des États-Unis, mais qui a le QI d'un escargot...

 

 
The Boys est une série qui met à mal les super-héros. Elle en fait le jouet d'une entreprise particulièrement puissante. Ce huitième tome atteint des sommets dans le cynisme en y ajoutant la compromission des hommes politiques trempant volontiers dans des magouilles afin d'atteindre les postes les plus haut placés, le tout dans une odeur de sueur et de foutre. On est loin de l'idéal des super-héros voulant faire respecter la loi et la justice...

 

Intelligente, drôle, grinçante et irrévérencieuse, cette série est un véritable bonheur qui se confirme avec cet épisode en forme de spin-off. On savoure le propos de ses auteurs qui vont bien au-delà des comics, remettant en cause les classes dirigeantes et les médias. Côté dessin, on n'est pas déçu, les planches représentant parfaitement la débauche et la démesure de l'Hérogasme et se situant dans la continuité du précédent illustrateur. Il n'y a pas de rupture de style.

 

On a eu souvent l'occasion de le dire, la BD américaine est riche et foisonnante. The Boys en est le parfait exemple. Avec son cynisme et son humour, c'est sans doute l'une des séries les plus intéressantes du moment. Et elle a l'air de tenir sa qualité dans la durée, ce qui ne gâche rien. À conseiller d'urgence.