L'histoire
1944: l'Armée Rouge libère la Crimée, jusqu'alors occupée par la Wehrmacht ( armée allemande). Le peuple des Tatars de Crimée est débarrassé de la domination nazie et retourne au sein de l'Union Soviétique. Cependant, accusés de collaboration collective avec le IIIe Reïch, les Tatars sont exilés de Crimée et déportés en masse vers les Goulags d'Asie Centrale, dans un univers concentrationnaire où ils y vivront jusqu'en 1953, avant d'en être relâchés, pour vivre encore cinquante ans en Ouzbékistan, au Kazakhstan,...
1991: la chute de l'URSS entraîne l'indépendance des pays d'Asie Centrale, des Pays Baltes, ainsi que de l'Ukraine et de la Biélorussie. Les Tatars décident de repartir en Crimée, désormais autonome au sein de l'Ukraine. Ainsi, Safi quitte l'Ouzbékistan où elle a passé les 12 premières années de sa vie, pour rejoindre la Crimée avec sa famille. Elle n'a jamais vu la Crimée, mais elle sait que c'est sa véritable maison, que son grand-père décrit comme un paradis. Mais une fois arrivée, Safi découvre un monde où il ne reste quasiment rien de la culture Tatare, où les seuls maîtres sont les Ukrainiens et les Russes qui refusent d'accorder des permis de construire pour la renaissance de leurs villages, et où elle subit l'humiliation et les insultes des habitants...
Cette Crimée n'a rien d'un paradis perdu !
Mon avis
J'ai aimé ce livre car il nous transmet avec une très belle écriture le retour d'un peuple dans sa terre natale, à travers de nombreux récits criméens. Il s'agit également d'un témoignage poignant sur l'injustice et les persécutions qu'a subi ce peuple avant d'être reconnu comme habitant de sa terre d'origine.
On comprend également dans ce récit sur la Seconde Guerre Mondiale queles Tatars n'ont jamais vraiment soutenu un côté plus que l'autre, entre les Soviétiques et les Allemands. Dans cette guerre comme dans la première, ils se considéraient surtout comme étant sous domination russet et pas comme alliés de la Russie. C'est aussi pour ça que le livre est intéressant : on ne conclut pas que les Tatars auraient dû prendre tel ou tel camp...
Enfin, je crois qu'il faut le lire car il s'agit d'un livre peu courant, qui raconte comment, à une époque, un Etat a planifié la déportation et l'anéantissement de tout un peuple. Il nous dévoile en quelques sortes un génocide presque comme celui des Juifs,des Tziganes ou des Arméniens, qui s'est déroulé aussi dans un système concentrationnaire tout aussi terrible...