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Les Enfants du capitaine Grant, tome 2

Jules Verne ( Auteur), Alexis Nesme ( Auteur)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 06/04/11  -  BD
ISBN : 9782756010540
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Christian   - le 31/10/2017

Les Enfants du capitaine Grant, tome 2

Depuis 1999, Alexis Nesme s’est peu à peu installé comme un bon auteur de BD pour enfants chez Delcourt,  avec une série sur Les Gamins (2000-2002), des marmots qui testent les inventions géniales de leur oncle, et sur Grabouillon (2003-2007), le chien  gaffeur de la petite Pétunia. Depuis 2009, il choisit d’évoluer dans la cour des plus grands et publie en série une adaptation des Enfants du capitaine Grant, de Jules Verne, destinée aux ados et aux adultes.
 
Il reprend le principe d’animaux humanisés qu’il avait retenu dans une série de timbres réalisée pour La Poste en 2006 et 2007. Après avoir travaillé avec le scénariste Eric Osmond sur l’adaptation d’un autre texte de Jules Verne, il propose Les Enfants du Capitaine Grant à la collection Ex Libris, l’excellente collection de Delcourt dédiée à la transcription graphique de chefs-d’œuvre de la littérature internationale. C’est le premier album de la collection où les personnages sont des mammifères et des batraciens anthropomorphes.
 
L’adaptation du roman était inédite en bande dessinée et permet aux lecteurs d’aborder une œuvre de Jules Verne, qui brille moins par ses anticipations technologiques que par la magie du voyage et du dépaysement.
Dans le premier tome, le tigre écossais, Lord Glenarvan, découvre, lors d’un voyage sur son yacht, un curieux message trouvé dans le ventre d’un requin-marteau. L’encre est en partie effacée et le message est difficile à déchiffrer. Le fameux Capitaine Grant y fait état de son naufrage dans un lieu mal identifié et demande du secours après avoir été capturé par des indigènes. Une expédition est alors montée avec la famille du Capitaine Grant pour venir à la rescousse du fameux explorateur écossais. Direction : la Patagonie. Mais les recherches sur la côte est de l’Argentine s’avèrent infructueuses et le yacht repart en direction de l’Australie.
 
Du vaisseau au chariot
 
Le yacht de Lord Glenarvan et la famille Grant essuient une furieuse tempête. Le Duncan manque de sombrer à plusieurs reprises et les avaries sont nombreuses quand le navire parvient au Cap Bernouilli sur la côte ouest de l’Australie. En s’invitant chez un riche fermier irlandais installé dans son nouveau pays, ils rencontrent le quartier-maître du Britannia, le vaisseau du Capitaine Grant, un rescapé du naufrage. La catastrophe s’est bien produite à cette latitude, mais à l’est des côtes australiennes.
 
Une partie du groupe, avec Lord Glenarvan et les Grant, traverse alors l’Australie en chariot, tandis que les marins longent la côte pour réparer le Duncan. La traversée du sud australien s’avèrera plus périlleuse que prévu, car des prisonniers échappés, les convicts, rôdent.
 
Une adaptation très réussie
 
On sait que la collection Ex Libris est exigeante tant sur la qualité du dessin que sur celle du scénario, mais  la série d’Alexis Nesme fait mieux que de ne pas déroger à la règle. Tout en collant de près au roman, à son exotisme, à ses découvertes géographiques et zoologiques, à son humour, les deux tomes, superbement dessinés et mis en couleur, nous plongent dans un XIXe siècle intrépide et captivant. Entre voyage mouvementé dans les quarantièmes rugissants et conquête de l’Ouest (australien), nous sommes ballotés avec vigueur sur les traces d’un explorateur disparu.
 
Les points forts du roman sont très bien rendus par l’auteur, qui a pris pour la première fois la plume de scénariste, sous l’autorité bienveillante de Jules Verne : les relations humaines entre respect et suspicion, la richesse des informations didactiques, l’esprit d’aventure chevaleresque, la foi du groupe dans la réussite de sa mission. Jusqu’à la touche d’humour du géographe grenouille français Paganel. Les décors et les objets témoignent d’une documentation graphique approfondie. Le rendu des navires est époustouflant.
 
On s’y croirait. Alexis Nesme n’avait pratiquement pas dessiné de vaisseau avant ses visites à différents musées spécialisés et il s’en tire admirablement bien. Le chariot, le train, les maisons, tout est finement dessiné. Les animaux, chat, tigre, ours, loup, cochon, aux gueules accentuées mais authentiques, donnent une note exotique à l’album. Les yeux sont particulièrement bien reproduits, avec des reflets 3D qui renforcent leur réalisme.
 
La couleur, exclusivement traitée à la gouache, se marie parfaitement à l’encre (sans traits excessifs) et donne une vraie profondeur aux images. Les tons bleu-orange sont au service de l’atmosphère envoûtante (nuits orageuses, nuits menaçantes, éclairages à la bougie, luminosité du ciel dans les passages plus sereins). Il y a un gros travail de mise en couleur et l’on comprend pourquoi la parution des albums est si espacée.
 
Alexis Nesme s’autorise quelques audaces, qui fonctionnent bien : des gueules très expressives, le flou photographique des premiers plans sur certaines cases, les paysages traités à l’anglaise, des textes et des frises en forme de parchemin, un détail graphique qui fleure bon son XIXe siècle.
 
Un travail de haute volée qui fait revivre avec brio un roman pas toujours connu du père de la SF française. Un coup de cœur, assurément.

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