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Brasyl

Damien Venzi (Illustrateur de couverture), Cédric Perdereau (Traducteur), Ian McDonald ( Auteur)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/08/11  -  Livre
ISBN : 9782070441648
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ketty   - le 31/10/2017

Brasyl

Le Brésil, qualifié de « terre d’avenir » dès 1941 par Stefan Zweig, a naturellement inspiré plusieurs œuvres de science-fiction. On pense bien sûr à Ces garçons qui venaient du Brésil (Ira Levin), mais c’est aussi le cas du Cerveau vert de Frank Herbert ou, plus récemment, de Ange mémoire de Robert Charles Wilson, qui y prennent place.

Cette fois, c’est Ian Mac Donald, le multi primé auteur du Fleuve des Dieux, de Roi du matin, Reine du jour, qui se propose d’explorer, à sa façon, ce pays riche en histoire et en potentialités.

Trois âges, trois Brésils et trois héros

Brasyl s’ouvre sur trois récits différents, situés  à des époques distinctes mais en un même lieu, la Cidade Maravilhosa, Rio de Janeiro.

Le premier héros est un homme du XVIIe siècle, le prêtre Irlandais Luis Quinn. Il est lancé dans l’Amazonie par l’ordre des Jésuites à la poursuite de l’hérétique père Gonzalvez, soupçonné de se livrer aux pires abominations. La deuxième, Marcelina Hoffmann, productrice  pour la télévision de 2006, décide de partir à la recherche d'un ancien joueur de foot pour l’humilier à l’occasion d’une émission de téléréalité. Enfin, en 2032, Edson, qui se plaît à multiplier les identités, surfe entre les genres et monte des affaires plus ou moins lucratives pour échapper à l’emprise de sa bande et  espérer quitter la Favela.

Ces trois récits sont imprégnés du football, des paillettes d'or, de la pauvreté, des religions, du multiculturalisme et de la chaleur moite qui sont l’âme intemporelle du Brésil. Dans ces vies déjà mouvementées interviennent des événements étranges liés à la physique quantique, qui vont bouleverser jusqu’à la perception du monde de chaque protagoniste.

Un roman plein de saveur mais trop copieux

Pendant les trois premiers quarts de ce livre de plus de cinq cent pages, on se plonge dans des récits qui sont tous très denses et extrêmement bien documentés. Trop peut-être. Les trois ambiances sont prégnantes, presque étouffantes, et l’on se familiarise petit à petit avec le quotidien des personnages principaux.

La difficulté consiste à s’arracher aux coulisses de la télé poubelle de Marcelina pour  plonger dans les eaux noires du Rio Negro où le Père Quinn est confronté à l’esclavage et aux maladies, pour ensuite s’habituer au monde de la surveillance perpétuelle et des ordinateurs quantiques qui est celui d’Edson. Ces univers riches et trop différents parviennent à capturer le lecteur mais séparément, sans permettre de passage fluide de l’un à l’autre. Cet aspect rend la lecture de Brasyl particulièrement ardue, exigeant du lecteur un effort d’intérêt pour ces trois trames qui ne se retrouvent liées, très artificiellement, que tardivement.

Pour ce qui est de l'aspect hard science de ce texte, si l’illustration du théorème des mondes multiples d’Everett est intéressante,  l’ancrage puissant du récit dans des univers trop disjoints rend peu convaincant le postulat, maintes fois répété, de la finesse du voile entre les mondes considérés. Les trois étages de ce sandwich, savoureux pris séparément, peinent à se combiner pour former un tout cohérent.
 
Une curiosité

Brasyl est un roman construit au bord des falaises vertigineuses de l’appréhension quantique de la réalité qui, de ce fait, provoque par moment des tournis intellectuels qui valent certainement le détour. La vision d’un Brésil bouillonnant, en particulier dans son futur, mérite également un regard.

Cependant, le souci du détail (cf. le glossaire en fin de volume) et la volonté d’accoler dans une même œuvre anticipation proche, uchronie et anticipation à long terme, en liant le tout avec un multivers théoriquement étayé, rend l’ensemble trop lourd, à la limite de l’indigeste. Brasyl est à conseiller aux intrépides.
 

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