Sept clones
Stéphane Louis est né en 1971, c’est un autodidacte qui a fait ses premiers pas dans des fanzines. Il est l’auteur avec Nicolas Mitric de Tessa, Agent Intergalactique (5 tomes, Soleil). Il puise son inspiration notamment dans l'oeuvre de Philip K. Dick. Sept Clones est sa première collaboration avec le dessinateur Stéphane De Caneva.
Ce dernier, marseillais né en 1975, est informaticien spécialisé en intelligence artificielle de formation. Autodidacte lui aussi, il publie d’abord aux Etats-Unis chez LDP et Studio 457. Ses sources d’inspirations viennent de Jae Lee, Marc-Antoine Mathieu ou encore Thomas Ott. Véronique Daviet est coloriste et a publié notamment Escobar, le dernier Maya aux éditions du Lombard, ainsi que H.O.P.E tomes 2 et 3 chez Drugstore.
Un futur sombre et glauque
Nous sommes en 2093, les humains sont entrés en contact avec des aliens, les I.A. L’humanité et les continents semblent unifiés, pacifiés. A la demande de ces nouveaux « frères des étoiles » la planète est même entièrement désarmée. En échange de ce désarmement, les I.A promettent à l’humanité d’accéder au savoir universel, celui dont eux sont dotés.
Dans cette société parfaite, les destins de sept « hommes » se rejoignent. Ils vivent sur sept planètes différentes,ont des vies opposées mais ils sont liés, pire, se sont les déclinaisons d’un même prototype. L’histoire se déroule parallèlement dans deux lieux : celui qui semble être notre futur et une sorte de monde sans repères où règne une main gigantesque dotée de la parole. On apprend donc que les corps de chair et d’os de nos sept personnages ne sont que les avatars des clones vivants, ou survivants, dans ce lieu étrange. La main y impose le contrôle des clones et les pousse à accomplir une mission : tuer le président de l’humanité. On ne sait pas encore pourquoi ni pour qui.
A travers la description de la vie de ces sept hommes on découvre également un univers où l’individu est sous le contrôle de la communauté : nulle pensée libre n’est permise au milieu des cathédrales d’acier, des machines et de la nuit perpétuelle.
Une histoire qui manque de profondeur
Ce monde quasi artificiel gagne en impact visuel grâce aux dessins et la couleur de S. De Caneva et V. Daviet, chaque planète a son atmosphère visuelle et sa déclinaison graphique. Il s'agit d'un travail clairement inspiré des maîtres de la bande dessinée SF qui cependant doit encore trouver sa maturité.
Malgré ce décor bien planté, il semble que l'auteur a privilégié la forme et peu le fond, notamment les dialogues. Si l’on apprécie la description du calvaire psychologique des clones enfermés et contrôlés par la main, on est clairement déçu par les conversations avec celle-ci. Son autorité s'exprime à travers des phrases toutes faites et stéréotypées. On attendrait plutôt une vraie réflexion sur la manipulation de la réalité et de la conscience de l’homme.
Les personnages ont malheureusement des psychologies d'un classique dommageable. On le découvre notamment à travers les états d’âme éculés et bien pensants décrits au fil de l'histoire : le violeur qui semble se repentir n’est intéressant que si l’on exploite habilement l’idée. Le père qui a perdu son fils devient un personnage fade dont le sentimentalisme paraît inutile.
Cette BD exploite pourtant un fil conducteur intéressant mais on est quelque peu frustré à la lecture. L’auteur veut certes passer l’idée que, dans ce monde froid et métallique, l’humanité doit primer, mais il tombe parfois dans une morale facile et nous déçoit par des dialogues trop superficiels.