Kenshin le vagabond - Tome 15
On ne présente plus M. Watsuki au fan de la série. Pour les autres, sachez que c'est un mangaka né en 1970 et qui pratique le dessin depuis son plus jeune âge. En 1994, il entame la série Rurouni Kenshin qui connait un très grand succès et a été plusieurs fois rééditée. C'est aussi un pratiquant de Kendo (art du sabre japonais) qui déverse dans ses dessins la fluidité et l'esprit de son art.
La vengeance humaine
Kenshin est à Tokyo en compagnie de son entourage lorsqu'une série d'attaques frappent ceux avec qui il entretient des relations. Six assaillants se dessinent mais l'ennemi véritable survient du passé de Kenshin : Enishi, le jeune frère de Tomoé a grandi et vient réclamer vengeance.
Face à cette menace, Kenshin estime devoir une explication aux gens qu'il aime et qu'il veut protéger. Il revient alors sur son passé, lorsqu'il était Battosaï l'assassin. On y découvre quand et comment il a été engagé et les débuts de sa relation avec Tomoé qui finira si tragiquement.
Aux origines de Battosaï
J'avais découvert la série Kenshin lors de sa sortie et vivement apprécié ses aventures. Par la suite je ne suis pas revenu dans l'univers des mangas et je retrouve ce tome 15 avec quelques blancs dans le scénario et un regard de néophyte.
Pour ceux qui connaissent la série, voici une suite passionnante car elle donne à voir les origines du Battosaï, la façon dont il a été engagé pour assassiner les opposants à la transition du Japon vers l'ère Meiji. Les scènes qui dévoilent le sanglant passé de Kenshin contribuent à donner de la profondeur et de la noirceur au personnage forgé par le mangaka. Le sanglant passé de Kenshin (il a contribué à l'avènement de l'ère Meiji en assassinant des centaines de personnes) prend ici de la consistance et contribue à rendre son cheminement personnel plus cohérent et compréhensible.
Kenshin est un paradoxe en lui-même et en cela, représentatif du Japon au milieu du XIX° siècle, tiraillé entre modernité et tradition. Toute l'oeuvre de l'auteur est construite autour de cette contradiction. Kenshin est un tueur qui refuse de tuer, un assassin qui a des remords, un rônin pétri d'honneur. A l'instar de son sabre retourné, il symbolise l'usage des anciennes traditions (le budo) pour servir de nouvelles valeurs (celles d'une ère Meiji inspirée de l'occident). En somme cet épisode 15 s'enfonce avec brio dans le passé du Battosaï.
Au milieu de cette ambiance oppressante, les pointes d'humour distillées dans les dessins et les dialogues offrent un contrepoint agréable. Cette réédition reprend la mise en page originale qui se lit de droite à gauche. Une fois passé la période d'adaptation, les enchaînements permettent une lecture fluide et servent les perspectives choisies par le dessinateur. Au demeurant, le plaisir de la lecture réside aussi dans un style à la fois simple et très travaillé. Si les scènes de combat saisissent l'énergie des opposants, les scènes plus intimistes permettent de s'attarder sur la finesse des dessins et sur la sérénité qui s'en dégage.
En somme, si vous connaissez la série, voilà un bon épisode. Si vous ne connaissez pas, sachez que vous aurez probablement envie de la commencer après lecture de ce tome 15.