Souvenirs de demain

Si vous vous demandez quelle est la place de Jean-Pierre Fontana dans la SF française, jetez donc un œil à sa biographie : critique de livres et de films fantastiques, éditeur de fanzines, président-fondateur (rien que ça !) de ce qui est aujourd’hui le Grand Prix de l’Imaginaire…Bref, Fontana est un chantre du fantastique et de la Science-Fiction sous toutes leurs formes. Mais avant tout, Fontana est auteur. Une cinquantaine de nouvelles, plus d’une quinzaine de romans, dont « La Geste du Halaguen », sous son nom ou sous le pseudonyme de Guy Scovel.

Passez outre la couverture.  Si si ! Je vous assure…

Ne vous fiez pas à ses teintes pastelles, il n’y a aucune mièvrerie ici.  Fontana sacrifient à tour de bras ses personnages au nom d’une science-fiction sans concession au genre.
Homme, femme, terrien ou pas, adolescent ou vieillard, chevalier ou clochard, tous y passent. Tous sont jetés en pâture dans un monde qui les dépasse. La réalité se fait traîtresse et les personnages se retrouvent très souvent confrontés à eux-mêmes, à leurs illusions, à leur insignifiance finalement.


Une plume qui se reconnait dans tous les genres

C’est bien cela le point commun entre les différentes nouvelles de l'auteur : cette réalité mouvante qui se joue des perceptions, et qui bien souvent fait miroiter des rêves qui se révèlent des pièges.
De la SF à la fantasy en passant par le fantastique, nous glissons d’une nouvelle à l’autre sans heurts. Si Fontana s’est essayé à plusieurs genres (et sous-genres) de l’imaginaire, on retrouve partout la même plume, la même ambiance… Au bout du compte, il existe une unité bien sentie dans ce recueil, disons même un seul univers qui s’exprime sur plusieurs plans.


Un recueil qui se lit d’une traite !

La progression dans l’ordre des nouvelles est remarquablement bien choisie. Il y a cette impression de glisser dans l’univers de Fontana.
Les nouvelles sont regroupées par « thèmes », qui correspondent aussi aux différents genres, et qui suivent une sorte d’évolution temporelle. Pas selon l’ordre chronologique dans lequel elles ont été écrite, plutôt selon une création spatio-temporelle : la première partie fait référence à un univers et à des temps lointains, mais sur le thème du passé, du souvenir. La dernière partie au contraire semble se situer très proche de notre monde actuel et pose un regard sombre sur l’avenir.
Vous serez d’ailleurs surpris de constater que les nouvelles des deux derniers chapitres « Retour à la terre », pourtant écrites dans les années 70, sont tout à fait d’actualité ou tout du moins, appartiennent à un futur étonnamment proche.
Et cela n’est pas franchement de bon augure…

Tant pis, ce peu d’espoir que nous insuffle Jean-Pierre Fontana à travers ses nouvelles se diluent dans le plaisir de les lire !

 

 

Claire Mathieu