Monsieur Kipu

Né en Angleterre en 1971, David Walliams est un acteur et un écrivain principalement connu pour son travail avec Matt Lucas dans la série comique à succès Little Britain. Son premier roman jeunesse publié en 2008 Le jour où je me suis déguisé en fille a été acclamé unanimement par la critique. Depuis, la presse le désigne comme le successeur naturel de Roald Dahl. Pas moins ! Monsieur Kipu prendra même vie cette année dans une comédie dramatique pour toute la famille sur BBC One.  

Quentin Blake est quant à lui une véritable légende britannique ! Il a collaboré avec les plus grands (Russell Hoban, John Yeoman, Roald Dahl,…) et compte plus de 250 livres à son actif ! Né en 1931, il a démarré sa carrière très tôt à 16 ans, et il consacre depuis toute sa vie à sa passion. Il a reçu de nombreuses récompenses pour son œuvre et son investissement, dont le titre d’Ambassadeur du livre pour enfant ("Children’s Laureate") en 1999, et celui d’Officier des Arts et des Lettres en 2007. Généreux, il s’est aussi investit au cours de ces dernières années auprès des hôpitaux et des établissements de soin de santé au Royaume-Unis et en France.

 

L'histoire : chaque matin, sur le chemin de son école privée ultra-chic, Chloé croise M. Kipu, un clochard assis toujours sur le même banc qu’importe le temps. Chloé le regarde et  s’interroge en secret.  Pourquoi vit-il dans la rue ? A-t-il des amis, une famille ? Qui est-il ? Et surtout, s’appelle-t-il vraiment M. Kipu ? Un jour, Chloé trouve enfin le courage d’aller lui parler. Et c’est là que débute l’histoire d’une belle amitié… bientôt menacée !
 

 

Une œuvre pétillante, sensible et humaine      

Il faudrait se montrer bien difficile pour ne pas succomber à Monsieur Kipu. Le roman de David Walliams possède en effet de nombreuses qualités, pour ne pas dire que des qualités. D’ailleurs, les premières lignes nous enchantent avec une simplicité  bien amusante autour du verbe « puer ». Un humour parfois grinçant qui ne s’affaiblit pas tout le long du récit, bien au contraire. Les titres des chapitres eux-mêmes marquent le ton drôle du roman tels que « Abandonnez le Starbucks ! », « Bêrk bêrk berk » ou encore « Superclodo ».

L’auteur a su aborder la vie d’un SDF avec humour et tendresse, loin d’un pathos qui aurait été facile d’employer. Il nous offre un récit dans lequel les relations humaines primes. Le duo improbable mais attachant que forme M. Kipu et Chloé nous offre une très belle représentation de l’amitié. Entre une mère autoritaire tirée à quatre épingles, une petite peste surdouée pour sœur, un père peureux et Raj, le marchand de journaux, sans oublier cette chipie de Rosamund, c’est une ribambelle de personnages originaux, voir excentriques qui sont mis en scène. Et les références aux réseaux sociaux, aux émissions Tv (X-Factor, Danse avec les stars) et aux marques (Starbuks, Crunch) permettent au jeune lecteur de faire des rapprochements entre sa propre réalité et l’histoire racontée.

Et surtout, Chloé est attachante. Ce personnage permet d’aborder des thématiques plus sensibles et intimes comme le manque d’affection, d’écoute, de confiance en soi, la solitude, les moqueries,… Une jeune fille timide, mal dans sa peau et à l’écart des autres qui se réfugie dans les histoires qu’elle imagine. Ce personnage pourrait donc faire écho aux propres expériences du jeune lecteur.  

Auteur et illustrateur : un duo de charme

Les illustrations de Quentin Blake servent le récit avec intelligence. Il y a en effet une véritable interaction entre le texte et les images à l’instar de celle qui existe entre le narrateur et son lecteur. L’enfant est en effet interpellé et sollicité durant sa lecture. Pour quelques illustrations, il ne doit pas que regarder l’image mais l’observer, y être attentif. Il y a même un graphique, un diagramme et des figures qui viennent s’intercaler dans le texte pour illustrer les propos du récit, toujours avec humour. Les visages des personnages sont très expressifs derrière les traits à l’encre et les touches d’aquarelle caractéristiques de Quentin Blake. L’illustrateur ne recherche pas la beauté pure de l’image mais à laisser les sentiments s’exprimer à travers la simplicité du dessin, avec réussite. Et n’oublions pas le travail visuel du texte avec les jeux typographiques qui dynamisent de façon surprenante le roman !      
 

Tendre et drôle, Monsieur Kipu fera tomber les enfants comme des mouches !