Les Orphelins du royaume

Née à Jérusalem, Leigh Bardugo a grandi à Los Angeles et est diplômée de Yale. Elle mène une vie aux multiples facettes, assouvissant ses passions : glamour, maquillage, musique…Elle est ainsi connue sous le nom de L.B. Benson en tant que maquilleuse professionnelle, et est chanteuse dans le groupe Captain Automatic. Shadow and Bone, étrangement traduit par Les Orphelins du royaume est son premier roman et l’ouverture de la trilogie Grisha. 

 

 

Une ombre gigantesque s’étend sur le royaume de la Ravka depuis plus d’un siècle, séparant le pays, créant le chaos, et abritant d’horribles créatures. Alina, orpheline et cartographe du royaume, va se retrouver malgré elle embarquée dans une expédition pour traverser la nappe d’ombre, en compagnie de son meilleur ami, Mal. Pensant être une jeune fille ordinaire, elle va cependant découvrir qu’elle détient un incroyable pouvoir, qui fait d’elle une Grisha, une être capable de contrôler un élément par sa volonté. 

 

Tout ceci semble un peu vu, revu, et prévisible. Cependant, l’auteure réussit à rendre cette histoire intéressante et plus complexe qu’elle n’y parait au premier abord. L’univers du roman s’inspire du monde Russe avec des noms exotiques tels que les kefta ou le kvas, et des coutumes semblables à une époque médiévale. Les habitants sont soit des êtres sans pouvoir, soit des grisha, qui peuvent manipuler les éléments (eau, terre, feu, mais aussi ombre et lumière). On ne parle pas de magie, mais de « science ». Ce contexte nous permet de rentrer dans le livre avec curiosité.

L’auteure vient progressivement ajouter des éléments dans l’intrigue, qui la rendre de plus en plus complexe. Les apparences sont trompeuses et le personnage principal en fait vite les frais, ce qui donne de très bons rebondissements. 

 

 

L’enchaînement des péripéties est assez rapide au début, le rythme est soutenu, l’initiation de l’héroïne est bien menée, mais on regrette quelque longueurs et passages un peu « à vide », surtout en fin de récit, juste avant le dénouement final, comme si l’auteure voulait repousser un peu la confrontation finale. 

L’héroïne Alina peut sembler un peu clichée (orpheline maigrichonne qui dépend des autres, puis qui se révèle en découvrant ses aptitudes) mais ses sentiments la rendent crédible, sincère et intéressante. Le récit est articulé autour de son point de vue, ce qui permet de découvrir l’intrigue au fur et à mesure, de suivre sa réflexion et ses désillusions. 

Quelques personnages sortent également du lot, notamment le Darkling, qui est annoncé comme un personnage mystérieux et complexe, ce qui se vérifie assez rapidement. 

De manière générale, la psychologie des personnages est intéressante, et l'on y trouve de nombreux sentiments (jalousie, orgueil, confiance, amour, haine...) qui donnent un beau relief à la narration.

L’histoire générale est bien menée et se tient, même si l’ensemble reste assez prévisible. Le tout est agréable à lire, et devrait intéresser la jeunesse. 

 

 

En conclusion, Les orphelins du royaume est un bon premier tome, qui pose bien les bases du monde et des personnages, et qui comporte une trame complète, malgré un dénouement prévisible. Il se termine sur une ouverture, et l’on se pose quelques questions pour la suite. Il s’agit désormais de garder l’intérêt du lecteur pour cet univers et ses héros, et de ne pas tomber dans la répétition. On peut quand même être confiant et s’attendre à une suite mouvementée. A suivre avec intérêt, donc. 

 

Lire aussi l'avis de Jean-Luc Rivera : /detail-d-un-article/les-coups-de-coeur-de-jean-luc15474.html