La rivière du temps

Bee Ridgway est une auteure américaine qui vit à Philadelphie. La rivière du temps est son premier roman. 

 

 

Nicholas Falcott était dans l’armée de Napoléon, sur le point de se faire tuer au moment où il a fait un saut dans le temps. Pris en charge par la Guilde, il a été envoyé aux États-Unis, pour vivre calmement au vingt-et-unième siècle. Il garde cependant le souvenir nostalgique de son ancienne vie, et surtout de Julia, la belle jeune fille aux yeux bruns qu’il a croisée là-bas. Mais sa vie va de nouveau basculer quand la Guilde le recontacte pour l’enrôler dans une lutte contre ses ennemis, les membres de l’Ofan, alors qu’il était censé couler des jours paisibles… 

 

 

Sous une plume fluide, le monde se construit et les théories sur le voyage dans le temps se tiennent. Deux groupes s’affrontent : la Guilde, qui veille à ce que les voyages dans le temps ne perturbent en rien le cours de l’Histoire, et l’Ofan, qui souhaite utiliser le voyage dans le temps comme une arme pour corriger les erreurs du passé. Le choix de faire deux groupes qui s’affrontent en fonction de leurs idées permet d’éviter un côté trop manichéen. Les intrigues s’enchaînent bien, malgré un rythme inégal. 

 

L’utilisation d’un contexte historique permet également de flouter la frontière entre réalisme et fantastique. Les personnages ne sortent d’ailleurs pas indemnes des bouleversements qu’ils subissent, perdus dans des époques qu’ils ne comprennent pas, ou face à des phénomènes extraordinaires. 

 

Ce roman est néanmoins et avant tout pour les grands romantiques, qui apprécient les scènes d’amour ardentes (sans être sulfureuses ou érotique). 

 

 

Malgré ce bel effort sur les bouleversements psychologiques, on regrettera que les personnages ne soient pas plus originaux. Nick et Julia ont un côté « niais » qui peut déranger. Si le personnage de Nick semble légèrement plus creusé (avec quelques troubles de personnalité), celui de Julia, l’autre héroïne, peut sembler moins exploité : elle se pose beaucoup de questions, évolue, mais sans résultat concret. Elle semble beaucoup trop passive, sauf quand il s’agit d’amour.

 

Ce qui peut aussi perturber le lecteur, c’est que paradoxalement, le roman s’essouffle sur la fin. Si la résolution d’une partie de l’intrigue permet de lever les plus grandes interrogations, les scènes finales sont très vite expédiées. De plus, on peut rester perplexe face au piètre rôle réservé à Julia qui est censée pourtant avoir un certain pouvoir. 

 

Par ailleurs, des questions demeurent. On se demande si c’est pour laisser le lecteur trouver lui-même les réponses ou pour donner à l’auteure la possibilité d’en écrire une suite. 

 

 

En conclusion, La Rivière du temps est un livre plein de bonnes idées qui ne sont malheureusement pas toutes bien menées. C’est néanmoins un bel essai pour une première publication.