Autobiographie d'une machine ktistèque
Raphaël Aloysius Lafferty (1914-2002) est sans nul doute l’un des écrivains les plus originaux du vingtième siècle. Forte d’une trentaine de romans et de plus de deux cents nouvelles, en grande partie inédites en France, son œuvre se caractérise par des histoires délirantes dont les intrigues sont réduites à la portion congrue. Les éditions Actes Sud rééditent Autobiographie d’une machine ktistèque, qui restait indisponible depuis sa dernière édition chez Pocket, sous le titre Tous à Estrevin !, en 1981.
Une machine intelligente
Epikt est une machine pensante créée par l’Institut de la Science Impure. Elle raconte la première année de sa vie, notamment sa relation avec les scientifiques qui lui ont donné naissance : une galerie de personnages singuliers, qui comprend entre autres un géant, un fantôme, un ingénieur sans génie... Il s’en suit toute une série de digressions sans véritable lien entre elles, et une structure romanesque absente qui rend l’approche de ce livre pour le moins compliquée...
Un ouvrage difficilement accessible
Les amateurs d’intrigues structurées avec de nombreux rebondissements peuvent passer leur chemin, ils ne trouveront pas leur bonheur ici. L’auteur (qui se contente de rapporter les propos d’Epikt) empile les digressions comme on enfile des perles, et on finit par se perdre dans les méandres du texte. Certains apprécieront sans doute de flâner au gré des pages, en écoutant les bavardages incessants d’Epikt, d’autant que ces derniers ne manquent à priori pas de références pointues.
Pour ma part, j’avoue n’avoir rien compris au roman ou aux propos tenus par l’auteur ; j’imagine que les connaissances nécessaires me manquaient, mais je n’ai trouvé ici aucun élément auquel m’accrocher, à l’exception du tout début, lorsque la machine ktistèque aborde R.A. Lafferty pour lui demander de transmettre son autobiographie au monde, à l’occasion d’une Convention de science-fiction. Il y a bien quelques passages amusants ensuite, mais c’est globalement l’ennui qui l’a emporté.
La seule chose dont je sois sûr, c’est que l’Autobiographie d’une machine ktistèque est un roman exigeant qui ne se laisse pas facilement apprivoiser !