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Les chaînes de l'avenir

Philip K. Dick ( Auteur), Jacqueline Huet (Traducteur), Dominique Defert (Traducteur)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/03/14  -  Livre
ISBN : 9782290033555
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fredcombo   - le 31/10/2017

Les chaînes de l'avenir

Faut-il encore présenter Philip K. Dick aux amateurs de SF, alors qu’il est en devenu depuis des lustres l’un des auteurs emblématiques ? Au-delà des lecteurs du genre, il a aussi touché un large public grâce à de nombreuses adaptations cinématographiques de ses textes. Même le plus sauvage d’entre les cinéphobes aura entendu parler de Blade Runner, Minority report et autres Total Recall. De plus, ces dernières années ont vu nombre de rééditions de ses romans, parfois dans de nouvelles traductions, des inédits (le scénario d’Ubik, La fille aux cheveux noirs…), des recueils de textes plus théoriques et comptes-rendus de conférences (Si vous trouvez ce monde mauvais…), des études (Le Petit Guide à trimbalerLes romans de Philip K. Dick de Kim S. Robinson…)… Alors en attendant une édition française de L’Exégèse, pourquoi ne pas nous replonger dans l’ambiance de ses premiers romans, dans lesquels on trouve déjà tout le sel de la philosophie dickienne ?

Jamais les chaînes de l’avenir n’aboliront le présent.
 
Au lendemain d’une tragique guerre atomique, les mutants sont devenus objets de curiosité et parfois même exhibés dans les fêtes foraines. L’un d’entre eux, pourtant, parvient à prendre le pouvoir grâce à ses dons de précognition. Malheureusement et malgré sa connaissance de l’avenir, Jones est dans l’incapacité d’agir sur le cours des événements. Le temps semble bel et bien immuable. L’humanité doit faire face à un autre problème d’envergure : les Dériveurs, des masses de protoplasme extraterrestre, ont pénétré dans le système solaire et commencent à se poser sur la Terre. Et pour quelle raison les mutants parqués dans le Refuge de San Francisco, incapables de respirer l’atmosphère terrestre, sont-ils protégés par le gouvernement en place ?

Immersion dans la quête d’un auteur de premier plan.

Les romans de Philip K. Dick ont ceci de particulier qu’il y insère une foule de détails sur la vie quotidienne de ses personnages, la politique, l’économie, les faits de société. On pourrait arguer (et personne ne s’en est privé) qu’il était un romancier réaliste. Dans Les Chaînes de l’avenir, il continue à s’interroger sur ses thèmes de prédilection, l’humain, le temps, la manipulation des masses et les jeux du pouvoir politique... Ainsi que dans le reste de sa production, Dick semble distiller au fil des pages toute sa vision du monde, comme s’il avait été lui aussi un précog vaticinant sur les développements de son œuvre à venir. Les mutants occupent cette fois la place d’honneur et malgré leur faiblesse apparente, la direction que semble prendre la sélection naturelle après cette troisième guerre mondiale pourrait bien révéler leur indispensabilité.

L’avenir est dans l’espace, mais l’espace est aussi dans les esprits. Jones, par son incapacité à modifier l’avenir, se trouve confiné dans un système politique et mental étroit, prisonnier de sa propre existence à l’image de la bulle dans laquelle résident les mutants du Refuge. On sort de la lecture des Chaînes de l’avenir avec une sensation d’enfermement, mais aussi avec la certitude renouvelée que la vérité est ailleurs. Chez Dick, la grandeur de l’espèce humaine réside dans son aspiration à la transcendance, ce qui est tout de même plus noble qu’un vulgaire désir de puissance. On peut la chercher à travers un voyage physique qui nous arrache à notre planète natale, comme dans Le Dieu venu du Centaure, ou à travers une quête plus spirituelle. L’auteur prendra de plus en plus évidemment le chemin de cette dernière au fil de ses romans ultérieurs, jusqu’à s’y brûler les ailes de l’esprit une vingtaine d’années plus tard avec SIVA et La trilogie divine. Il n’aura finalement jamais parlé de rien d’autre et c’est ce qui le rend toujours fascinant. 

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