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Ferrailleurs des mers

Sara Doke (Traducteur), Paolo Bacigalupi ( Auteur), Laurent Weyl (Illustrateur de couverture)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 27/08/14  -  Livre
ISBN : 9782290085769
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fredcombo   - le 31/10/2017

Ferrailleurs des mers

Paolo Bacigalupi est l’une des révélations de ces dernières années. La Fille automate, son premier roman, a raflé tous les prix : Hugo, Nebula, John Campbell, Locus, GPI… Ferrailleurs des mers, quant à lui, a remporté en 2011 le Printz award récompensant le meilleur ouvrage pour jeunes adultes, ainsi que le prix Locus. Le sous-titre de son recueil de nouvelles La fille-flûte et autres fragments de futurs brisés donne le ton de sa thématique sombre : notre proche avenir, dont nous sentons approcher la désagréable probabilité et dans lequel se côtoient crises énergétiques et économiques, fracture sociale de proportions abyssales, ingénierie génétique dépourvue d’éthique et autres désastres écologiques… Ferrailleurs des mers inaugure un cycle de romans pour la jeunesse qui conservent une place centrale à ces préoccupations. C’est noir et il y a peu d’espoir…

Les jeunes adultes : lourds ou légers ?

Nailer fait partie d’une équipe de légers, un gang de préadolescents chargés de la récupération de câbles de cuivre et autres pièces métalliques dans les entrailles des super pétroliers échoués sur la plage de Bright Sands, sur la côte du golfe du Mexique. La seule ambition qui lui soit permise est d'espérer survivre assez longtemps pour être accepté dans une équipe de lourds, de jeunes adultes qui désossent les parties plus importantes de la coque. À moins de tomber sur un lucky strike, ce coup de chance mythique octroyé par le Saint de la Rouille aux rares gamins qui trouvent suffisamment de pétrole dans une des cuves géantes pour s’élever un peu dans le système. Cette opportunité, il croit la trouver lorsqu’après une tempête tueuse de villes il trouve l’épave d’un voilier, un de ces navires de rupins certainement chargés de plus de richesses qu’il n’en avait jamais rêvé. Mais le père de Nailer, homme de main alcoolique, drogué, ultraviolent, n’a lui non plus pas l’intention de laisser passer une telle aubaine…

La science-fiction américaine et l’écologie après le passage de Katrina

Que ce premier tome de la série des Ferrailleurs des mers soit ou non le chef-d’œuvre que laissent présager les prix qu’il a remportés a relativement peu d’importance. Paolo Bacigalupi a écrit un ouvrage que l’on prend plaisir à lire, même si on peut émettre quelques réserves, et qui a le mérite de mettre en relief des problèmes aussi importants que les dérèglements climatiques, la violence domestique ou le travail des enfants. Le décor dans lequel se déroule l’action est en effet d’une noirceur qui rappelle presque celle de certains romans de John Brunner (Tous à Zanzibar…), à peine tempérée par un questionnement moral auquel les prochaines générations devront réfléchir sérieusement pour tenter de survivre, tout simplement. Pourtant, en dépit de ses indéniables qualités, Ferrailleur des mers est tout de même lesté de quelques défauts, le principal concernant des personnages quelque peu stéréotypés, et dont les réactions peuvent parfois sembler improbables. Certains, comme Nita la rupine ou même le père de Nailer, auraient mérité d’être développés pour leur donner plus de substance. Tool le mi-bête et Pima sont presque plus attachants que le principal protagoniste… Peut-être les retrouverons-nous dans la suite de la série ? Il faut aussi reconnaître que la seconde moitié du roman ne tient pas toutes les promesses de la première et se résume à une course poursuite, pourtant menée avec enthousiasme et savoir-faire. L’impression qui se dégage de l’ensemble est un peu celle que l’on éprouve devant un film dans lequel la surabondance d’effets spéciaux prend le pas sur l’histoire… Proche, au moins dans l’esprit, de L’île au trésor de Robert Stevenson, Ferrailleur des mers n’est certainement pas un mauvais roman et le plaisir de la lecture reste entier (presque !). Il ne sera pas inintéressant de lire la suite, Les cités englouties, le cycle pourrait bien y gagner une nouvelle dimension. 

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