Camille Von Rosenschild est une jeune romancière. Son premier roman,
Spiridons, est paru en 2013, et c’est aujourd’hui avec la suite de cette saga qu’elle nous revient. Puisant dans ses souvenirs de ses voyages en Russie, elle nous sert une série dont l’intrigue prend place dans un décor moscovite actuel très immersif.
Provoquer le destin. Retrouvons Victor, qui après avoir réussi à s’enfuir du camp des Tziganes, n’a pas fini d’en baver pour s’en sortir. Ce jeune garçon qui, quelques mois auparavant, avait une vie encore jugée comme « normale », débarque en Russie, et est propulsé dans une aventure qui marquera à jamais sa vie.
Maintenant que ses spiridons sont autonomes, il doit comprendre quelle est cette force qui le pousse invariablement vers les boyarins, ces moines borgnes qui cherchent à le capturer, tout en fuyant les Tziganes à sa poursuite. Depuis la mort d’Olga, qui a été d’une certaine manière sa mentor, il doit se reposer sur ses spiridons, ses amis, ses souvenirs, et le travail fait précédemment dans le bureau d’Olga pour trouver des réponses, et une marche à suivre… Comment peut-il être en possession du Don ? Pourquoi l’un des boyarins lui a laissé la vie sauve ? Et quel lien existe-t-il avec les archives d’Olga, qu’il a informatisées des heures durant ?
Frénétique ! Après un premier tome prometteur de cette jeune auteure, la suite se faisait attendre. Et soyons clair dès le début : le résultat dépasse nos espérances !
Grâce à un découpage intelligent, mêlant des chapitres en flashback, et des parties ciblant préférentiellement des personnages, l’ensemble est très dynamique et efficace. La brièveté des chapitres, et l’alternance entre le moment actuel et le passé permet d’instaurer un rythme soutenu, et d’empêcher toute sensation de longueur inutile. De plus, les parties se répondant, l’ensemble reste d’une grande cohérence, et empêche le lecteur de se perdre dans des détails et de passer à côté d’informations capitales.
L’intrigue prend en ampleur et en complexité grâce aux flashbacks permettant de découvrir des personnages intéressants, et de donner plus de profondeurs aux différents protagonistes.
Les décors choisis pour développer l’histoire sont toujours très originaux, et nous emportent dans les Carpates, en période enneigée, nous provoquant volontiers quelques frissons, et laissant grandir en nous l’envie de découvrir ces paysages vierges et envoûtants.
Si le premier tome souffrait de certaines longueurs, et d’un style un peu plus lourd, le second tome fait disparaître toutes ces petites imperfections pour finalement laisser la part belle au plaisir de la première à la dernière page. Le style de Camille s’est nettement bonifié entre le premier et le second tome !
L’entrelacs de culture moscovite et tzigane, d’esprit et de fantôme, de rêves et de réalité, d’aventure et de rebondissements, fait de ce roman un livre d’aventure moderne et efficace, accessible aussi bien aux jeunes qu’aux adultes qui sont friands de ces thèmes.
Vous l’aurez compris, l’ensemble entraîne le lecteur dans une frénésie de lecture grâce à une construction intelligente, une intrigue efficace, un décor original, des personnages profonds, et une idée de base captivante. Signalons aussi que Camille ne fait pas l’erreur de tomber dans une vision manichéenne et simpliste, donnant ainsi de la profondeur, aussi bien à ses personnages, qu’à l’ensemble de l’œuvre. Rien n’est figé, et le dénouement de l’intrigue est incertain. Jouant efficacement sur l’ambiguïté de chaque protagoniste, l’auteure, de par sa plume, balade ses lecteurs du début à la fin sans que ceux-ci puissent y faire quelque chose…
La fin du livre signe la fin d’un cycle, mais laisse à l’auteure la possibilité d’offrir une suite à ses lecteurs... Qui, espérons-le, verra le jour !