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Carmilla

Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 08/10/14  -  BD
ISBN : 9782302042551
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Bastien   - le 31/10/2017

Carmilla

Sheridan Le Fanu est un écrivain irlandais, né en 1814 et décédé en 1873. C’est avec des nouvelles fantastiques qu’il se fait remarquer. Avec le temps son œuvre s’étoffe largement, aussi bien avec des nouvelles que des romans. Son ouvrage majeur dans le fantastique sera source d’inspiration pour de nombreux auteurs, dont Bram Stoker pour Dracula.

Isabella Mazzanti  est une illustratrice italienne. Bercée depuis son enfance dans les récits fantastiques de Le Fanu, Poe ou encore Lovecraft, son dessin sera teinté de ces ambiances surnaturelles et sombres. Diplômée en arts graphiques, en psychologie, et spécialisée dans l’art et l’archéologie de l’Extrême-Orient, elle puise alors dans des influences très larges, modelant son dessin à l’image de cet éclectisme. Elle travaille depuis quelques années comme illustratrice en France, aux Etats-Unis et en Italie.

Vampire.

Laura est une jeune fille vivant avec son père et des préceptrices dans un château de Styrie. Lors d’une rencontre fortuite, son père propose d’héberger Carmilla, jeune et belle demoiselle de l’âge de Laura, pendant que sa mère doit régler des affaires urgentes. L’entente est immédiate entre les deux jeunes filles. Laura est obnubilée par le mystère que dégage Carmilla, ses habitudes étranges, sa personnalité profonde et mature, ainsi que par son charme.

Les journées passent, et malgré un mal étrange dont souffre Laura, les deux jeunes filles sont toujours très soudées. Mais lorsque des décès inexpliqués sont relatés dans la ville voisine, le père de Laura décide de s’informer, et de comprendre ce qu’il en est…

Un bijou vampirique.

Nous ne sommes pas ici pour nous attarder sur le texte de Sheridan Le Fanu, aussi beau et profond soit-il. L’ambiance sombre et angoissante teintée de tendresse, d’onirisme et d’amour, est le véritable point fort de l’œuvre de Le Fanu. Cet univers si particulier, navigant entre rêve et réalité, berce le lecteur dans un état second. L’écriture est remarquable, dans le style anglo-saxon du dix-neuvième siècle.

Il paraissait alors difficile de mettre en images cet univers sans dénaturer le ressenti du lecteur. Et pourtant, Isabella Mazzanti s’illustre dans cet exercice. Son dessin intégralement en nuances de gris, avec des touches parcimonieuses de rouge, contribue à cet univers à la fois glauque et plein de charme. La sensualité des personnages est mise en avant, et le caractère surnaturel est précautionneusement distillé dans chaque dessin. L’ambiance qui découle de l’ensemble colle parfaitement avec celle du texte, ce qui permet une homogénéité et une cohérence convaincante. 

L’érotisme certain qui accompagne la relation entre les deux protagonistes principaux est habilement mis en scène dans l’illustration, avec beaucoup de sensualité. Carmilla use d’une fine psychologie pour se rapprocher de Laura et pour rendre sa présence indispensable. Cette relation intense et fascinante est transcrite subtilement au fil des illustrations, qui se font écho.

Il parait presque incroyable que Carmilla n’ait pas été largement adaptée au fil des années, comparé à Dracula sorti seulement vingt-cinq ans plus tard. Après un timide passage sur écran, et une unique adaptation en BD, Isabella Mazzanti s’est attaquée avec tout son savoir-faire et sa sensibilité à ce mythe vampirique ; et le résultat est bluffant. Sa vision s’inscrit dans la continuité de l’œuvre de Le Fanu, sans jamais la dénaturer. Toute la subtilité de l’œuvre est fidèlement retranscrite dans l’illustration, laissant imaginer par moment que l’ensemble, écrit et dessin, ont été réalisés de concert !
 

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