La roue du temps

George Bess s'est d'abord fait connaître par ses travaux aux États-Unis et en Scandinavie. Il a ainsi travaillé sur la version scandinave de Mad. De 1977 à 1987, il va dessiner les histoire de Phantom. C'est en 1987 qu'il va rencontrer Jodorowsky, et leur collaboration donnera naissance à Anibal5, Juan Solo et Le Lama Blanc. Il publie en 1998 son premier album solo, Escondida, qui sera suivi par d'autres, comme Bobi, et un diptyque assez tourné sur l'Inde, Péma Ling et Krishna, qui est imprégné de son amour pour ce pays.

Annexion et annihilation par l'armée rouge

La République populaire de Chine décide d'envahir le Tibet en cette année 1950. Ce sont des milliers de soldats qui déferlent sur tout un peuple. Destruction des temples, viols et tortures sont autorisés, voire explicitement demandés. C'est le choix de faire disparaître à jamais toute une nation. Pendant que les villes sont à feu et à sang, et que les temples tombent en ruine, un petit groupe décide de retrouver son maître spirituel, Gabriel Marpa dit Le Lama Blanc. Lui seul pourra peut-être enrayer cette folie génocide.

Commence alors pour Tzu, Dondup, Tzöndu, Topden et le fameux maître chat un périple vers la vallée occulte, à la recherche du Temple d'or, dans une quête initiatique sur les versants de l'Himalaya. Arriveront-ils à retrouver cet homme qui a transcendé son existence à force de méditation ?

La force de la sagesse

C'est un véritable voyage fantasmagorique auquel nous invitent les auteurs avec cet album. Un rêve éveillé tout en poésie autour d'une aventure initiatique sur les flans enneigés du Toit du Monde. C'est aussi une ode à la spiritualité et à la magie des traditions Tibétaines. Alejandro Jodorowsky livre un scénario fort mêlant initiation, mysticisme et génocide. En effet, l'intrigue ne va pas se limiter au spirituel mais va aussi dénoncer les horreurs perpétrées par l'armée chinoise. Exactions, viols et tueries sont supportés par les Tibétains, qui ne cherchent jamais vraiment à se défendre. Ce stoïcisme n'est pas simplement un désespoir mais plutôt la force d'une nation devant l'adversité, un choix et surtout l'application d'un mode de vie.

C'est un album qui porte beaucoup d'espoir malgré tout, et donne la vision d'Alejandro Jodorowsky sur cette situation qui perdure si loin de nous. Une fois de plus, ce scénariste de génie prouve son talent de conteur avec La légende du lama blanc. Les dessins de George Bess sont véritablement au diapason de l'histoire, chaque trait imposant un peu plus la force de l'intrigue et les messages du scénariste.

On est devant une bande dessinée très adulte dans sa conception, dont le contenant est tout aussi beau que le contenu. Un beau cadeau de fin d'année, en somme...