Les Gaspilleurs
Un inconnu de la science-fiction
Mack Reynolds est le fils de Verne Reynolds, candidat socialiste américain aux élections présidentielles de 1928 et 1932 (on s’arrête un instant pour mesurer l’importance de ce fait : il y a eu des socialistes aux États-Unis ! chapeau). Il publie plusieurs nouvelles de science-fiction, dont certaines nominées pour le prix Nebula. Les éditions Le passager clandestin ont déjà publié Le Mercenaire, intéressante variation sur les conflits entre multinationales, et nous proposent aujourd’hui Les Gaspilleurs, ou l’histoire de la prise de conscience politique d’un maître espion…
James Bond contre les dissidents
Paul Kosloff, espion rusé et tueur impitoyable s’il le faut, ne craint rien ni personne à part de rester inactif. Il fait donc le siège de sa hiérarchie pour qu’on lui attribue une nouvelle mission. Après un congé dans le Manitoba où il s’est ennuyé ferme, on lui demande d’infiltrer un groupe d’enseignants et d’universitaires subversifs menés par un certain Lance Lincoln qui seraient en train de comploter contre la nation américaine. Non sans mauvaise grâce, l’espion s’exécute et se fait introduire dans le groupe via la fille de Lincoln, Randy. Kosloff lit leurs livres, participe aux débats, s’intéresse aux thèmes écologistes et conclut rapidement qu’il n’a pas affaire à un groupe de gauche radicale stricto sensu. Cependant, il s’aperçoit bientôt qu’il est suivi…
Forces et faiblesses d’un texte
Nous avons affaire ici à une novella de 1967, qui dut passer relativement inaperçue à l’époque. Rappelons cependant que l’écologie n’était pas étrangère à la science-fiction : Frank Herbert l’intégra dans l’arrière-plan de son cycle de Dune par exemple. Dans Les Gaspilleurs, on retrouve des thèmes aujourd’hui d’actualité (à défaut d’être mis en pratique…) comme le souci du développement durable, la dénonciation de l’obsolescence programmée. Au final, nous avons donc un texte dont l’argumentaire est plutôt avant-gardiste.
Mais si on se place du point de vue de la construction dramatique, la lourdeur prévaut. Reynolds choisit de faire du dialogue le moteur de l’action d’où une impression de lenteur dans le développement de l’intrigue (qui est aussi celle de l’évolution politique de Kosloff). Un texte au final intéressant dans son propos mais qui n’est pas dénué de faiblesse littéraire…