Le Premier

Nadia Coste est une écrivaine française de romans pour la jeunesse. Connue pour la tétralogie fantastique intitulée Fedeylins, elle s’est intéressée à des univers pour les plus jeunes, comme Les Yeux de l’aigle, SpaceLeague ou Ascenseur pour le futur. Elle est également membre de CoCyclics, un collectif de jeunes auteurs qui s’entraident pour améliorer leurs manuscrits grâce à une relecture critique. Elle signe avec Le Premier, un roman jeune adulte pour un public bien averti.

Une jalousie fraternelle...

Tout commence à l’époque du Néolithique où les hommes commencent à se sédentariser. Ils se regroupent en clans et développent l’agriculture, non sans délaisser la chasse et la cueillette. Urr, l’aîné costaud à qui tout réussit, doit passer son rite initiatique pour devenir un homme adulte, épouser une femme et fonder à son tour un foyer. Son petit frère Vaïn, à l’inverse, est un jeune maigrichon et maladroit qui jalouse les réussites de son aîné et notamment de la future femme de ce dernier dont il est tombé éperdument amoureux. Lorsqu’arrive le jour J, Vaïn décide de suivre secrètement son grand frère pour réussir lui aussi le rite initiatique et conquérir l’élue de son cœur. Urr se sent suivi et piège son frère, le tuant après un affrontement acharné.

Pourtant, Vaïn n’est pas mort. Bien que le soleil brûle sa peau et que seul le sang semble le rassasier, il se relève. Voyant un signe surnaturel de la Nature qui l’a sauvé de la mort pour éliminer son frère et sa descendante maudite, il se convainc qu’il est de son devoir de rétablir l’équilibre naturel des choses. Ainsi commence une traque terrible et périlleuse qui s’étalera sur des siècles et des siècles…

À travers l’opposition de ces deux frères, qui n’est pas sans rappeler les références à l’histoire biblique d’Abel et Caïn ou encore à celle de Romus et Rémulus, Nadia Coste nous offre une nouvelle vision de l’opposition entre les vampires et les loups-garous sans tomber dans les stéréotypes et les clichés actuels du genre. On y découvre ainsi la nouvelle vie du jeune vampire, ignorant de sa nouvelle condition d’immortel et évoluant au fil des époques parcourues. Il y progresse à sa manière, reclus sur lui-même et refoulant tous les progrès de l’humanité. Bien que les armes en acier se développent, lui préfère conserver son arme en silex. L’absence d’empathie envers le personnage ne rend pas la lecture difficile et inintéressante, bien au contraire.

Le roman se dévore aisément, appuyé par les descriptions détaillées de l’univers et enrichies d’éléments historiques intégrés par l’auteure. En effet, le récit fourmille de détails sur les classes sociales et les rites sociaux de l’époque (chasseurs-cueilleurs, éleveurs, agriculteurs, chamans, rites mortuaires…), et dont les descriptions des bâtiments, des armes ou des costumes nous plongent au plus près du parcours emprunté par les personnages. Une mention spéciale à la fin du roman qui fait admirablement le lien avec la légende fondatrice de Rome !

 

Nadia Coste nous le démontre avec virtuosité en alliant un récit original dans un contexte historique extrêmement riche allant de la Préhistoire aux prémices de l’Antiquité. Bien que le personnage principal ne semble pas très attirant, Le Premier se lit très facilement, centré sur une longue traque aussi surprenante pour les protagonistes que pour les lecteurs.