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Coup d'état

Yayashin (Illustrateur de couverture), Valérie Simon ( Auteur)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 30/04/15  -  Livre
ISBN : 9782918719878
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Ariane   - le 27/09/2018

Coup d'état

Valérie Simon avait fait son entrée dans le monde de la fantasy française en 1997 avec son cycle Arkem, la pierre des ténèbres, publié chez Fleuve Noir. Après une pause d’une douzaine d’années,  l’écrivain reprend en 2012 son activité littéraire en participant à de nombreuses anthologies (L'antre des sorciers, On a marché sur…) et publie en juillet 2015 son premier recueil de nouvelles, Cœur à corps (paru en numérique chez Bragelonne). Coup d’état, sorti deux mois plus tôt, marque quant à lui le premier tome de sa toute nouvelle saga, La Reine des Esprits. Le second opus s’intitulera La Renégate et sera publié à son tour aux Éditions du Riez courant 2016.
 
Combats, complots et vengeance: une héritière cernée d’ennemis
 
Face à l’empire des Rauthans, le royaume d’Alsybeen est une petite puissance militaire : mais il est le principal exploiteur du réalah-chaad dont l’on tire le si précieux Cristal, nerf de l’économie mondiale. Âgée de dix-sept ans, la princesse Alia Shanine de Messaline revient chez elle après avoir été éduquée pendant plus de dix ans par la puissante École denaia de Valenz. Comme toutes les Initiées qui en sortent, destinées à être placées dans les sphères du pouvoir, elle y a été formée aux arts de la politique, du combat et de la séduction. Mais son retour parmi les siens initie des temps troublés : tandis qu’elle cherche à retrouver ses marques, de nombreuses forces adverses conspirent pour renverser son père : tout d’abord des conjurés alsybeeniens, à la tête d’une rébellion ; l’empire lui-même, qui voit d’un mauvais œil l’arrogance économique du petit royaume ; et surtout ses propres sœurs, les Initiées de Valenz, qui ont toujours vu en Alia une menace du fait de ses origines houleuses… Dans cet échiquier complexe, la jeune princesse tient un rôle stratégique essentiel : sa formation d’élite et l’étrange don qu’elle se découvre lui permettront-ils de s’en sortir et de sauver son pays ?
 
Un roman plein de bonne volonté mais diminué par quelques faiblesses
 
Comme son titre le promettait, Coup d’état nous plonge dans une intrigue résolument politique où la vengeance tient une place prépondérante. Ce choix scénaristique, plutôt rafraîchissant, distance les enjeux cosmiques avec lesquels une grande partie de la fantasy se confronte trop souvent – et pas toujours avec talent. Il est clair que le roman a de l’ambition : le scénario se veut recherché, les acteurs sont nombreux, leurs motivations multiples. Parmi eux, le Denaia est une institution matriarcale intrigante qui fait la part belle aux personnages féminins, pour la plupart éminences grises n’hésitant pas à utiliser tous leurs atouts pour parvenir à leurs fins. L’univers qui nous est présenté est lui-même assez dépaysant avec ses diverses caractéristiques, comme l’omniprésence de reptiles imaginaires et fantastiques, ici maîtres du règne animal.
 
Le roman est servi par une écriture qui sait se montrer élégante et produit quelques envolées lyriques particulièrement réussies dans les descriptions, notamment lors de l’évocation du royaume d’Alsybeen, avec ses landes sauvages et ses plages de sable rose balayées par les embruns. Les dialogues, par contre, souffrent d’une formulation parfois ampoulée et par conséquent d’une certaine artificialité qui nuit à leur dynamisme : une maladresse que l’on retrouve dans l’insistance sur les termes spécifiques de ce monde imaginaire, pas toujours utiles mais souvent complexes, qui freinent plus qu’ils n’entraînent l’immersion du lecteur.
 
Ce dernier se glisse néanmoins facilement dans l’histoire dès les premières pages : par la suite, les différentes péripéties s’enchaînent dans une mécanique bien huilée. Pourtant, la tension a du mal à monter : nous sommes plongés dans l’attente d’un événement d’envergure que tout annonce mais qui peine à susciter notre intérêt. Est-ce en raison des personnages qui manquent de profondeur, et qui par conséquent sont peu attachants ? À leurs motivations qui deviennent confuses à force de vouloir illustrer la complexité des volontés en action ? Au choix d’une focalisation omnisciente, qui aurait pu servir l’intrigue mais qui empêche plutôt ici tout effet de surprise ?
 
Dans tous les cas et malgré les efforts de l’auteur, le résultat demeure assez léger pour un lecteur expérimenté, tant au niveau de l’écriture que du scénario. Les idées présentées sont intéressantes, mais leur exploitation manque encore de maturité. Ce premier tome fait ainsi figure d’une longue situation d’énonciation et semble se contenter de mettre les éléments en place pour un deuxième opus qui se révélera peut-être plus prenant. Le roman pourra cependant satisfaire le public, plutôt féminin, auquel il est destiné – jeunes adultes adeptes de ce type de fantasy ; les amateurs de Valérie Simon, et en particulier ceux qui avaient aimé le cycle d’Arkem, retrouveront quant à eux avec plaisir le style, les thèmes et les héroïnes de caractère de l’écrivain français.  

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