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Homo Vampiris

Fabien Clavel ( Auteur), Yayashin (Illustrateur de couverture)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 31/08/09  -  Livre
ISBN : 9782354080594
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stephaneg   - le 31/10/2017

Homo Vampiris

Lauréat du Prix du roman jeunesse aux Imaginales 2009 pour Les Gorgonautes et celui de Liévin en 2007 pour La Dernière Odyssée, Fabien Clavel est un auteur jeunesse qui commence sérieusement à se faire un nom. Professeur de français et de latin au lycée français de Budapest, il place l'action de ses romans dans une Europe baignée de culture classique... et de fantastique.
Avec Homo Vampiris, il livre chez Mnémos un thriller vampirique adulte.

Une jeune vampire face à son destin de suceuse de sang

Nina Kudelski n'est pas une jeune femme comme les autres. Elle a un goût irrépressible pour le sang. Normal étant donné que c'est une vampire, même si elle n'en a pas conscience. Ce n'est qu'en entrant en contact avec Ashanti Kumasi, diplomate appartenant lui aussi à la race des suceurs de sang qu'elle apprendra quelle est sa vraie nature et que celle-ci pourra s'épanouir. Mais en s'associant à Kumasi et à ses compagnons, des rebelles au sein de la société vampirique, elle sera confronté à une destinée sanglante à plus d'un titre.

To bit litt. or not to bit litt., that is the question...

Ces derniers mois, ce ne sont pas des caisses, mais bien des tombereaux de romans de vampires qui sont arrivés dans les librairies. Beaucoup appartiennent au sous-genre bit litt. et sont destinés à un public plutôt adolescent et féminin. Ce n'est pas le cas d'Homo Vampiris, malgré son personnage principal de jeune femme d'une vingtaine d'années. Il faut dire que dès la vingtième page, cette dernière pratique une fellation non académique à une conquête nocturne. Tout dans ce roman, donc, est fait pour éviter tout rapprochement avec une littérature fantastique et vampirique légère.
À commencer par le décor. Fabien Clavel décrit dans Homo Vampiris une Terre de 2050 qui commence sérieusement à ressentir les effets du réchauffement climatique. Londres est sous une pluie perpétuelle, le manque de pétrole a mis fin au trafic aérien et les gens voyagent maintenant uniquement par train... C'est un futur morose – et malheureusement réaliste – que nous présente l'auteur, créant une atmosphère sombre qui sied parfaitement à un roman décrivant une lutte entre des créatures mystérieuses et leurs ennemis.
Les personnages, également, sont fortement éloignés des stéréotypes vampiriques, un peu comme ceux d'un autre roman paru dernièrement chez Mnémos, Petits arrangements avec l'éternité d'Éric Holstein. Les vampires croisés par Nina Kudelski ont des apparences sortant de la norme pour des créatures de la nuit (ils s'habillent comme vous et moi et peuvent même sortir de jour et leurs personnalités sont atypiques), loin de la monstruosité d'un Nosferatu, du romantisme adolescent d'un Edward Cullen ou de la prestance princière d'un Dracula. Ils sont très humains, avec des qualités et des défauts qui les rapprochent de nous autres, simples mortels. La figure manichéenne du vampire n'est pas de mise dans Homo Vampiris.

Une fin et des explications sur les vampires peu convaincantes

Au début de son roman, Fabien Clavel présente des personnages et un décor qui sortent de l'ordinaire, comme nous l'avons vu. Mais à mesure que le lecteur avance dans le récit, il va être confronté à de plus en plus d'éléments correspondants aux schémas traditionnels du mythe du vampire.
Ainsi, la société des suceurs de sang se révèle d'un féodalisme des plus classiques, divisée en castes parfaitement définies : les princes, les guerriers, la plèbe et les parias. On s'attendait à quelque chose de plus complexe, de plus travaillé, en découvrant les personnalités si variées des protagonistes principaux du roman.
De même, les créatures de la nuit de Clavel disposent de pouvoirs surnaturels traditionnels : télékinésie, télépathie, métamorphose... Rien de mal à cela. Toutefois, l'auteur essaie de les expliquer scientifiquement sans réussir à être crédible.
Cela dit, si l'auteur échoue quelque peu à s'approprier complètement le mythe du vampire, à s'en détacher pour en faire quelque chose de personnel, il le tourne, par moment, en dérision avec un certain succès (lorsqu'on apprend que certains vampires croient devoir dormir dans un cercueil par exemple), fournissant à Homo Vampiris une touche humoristique bienvenue.

On reste toutefois quelque peu déçu, à la fin du roman. Nina Kudelski n'est pas un personnage comme les autres comme s'en doutera rapidement le lecteur. La raison pour laquelle elle est si particulière, si importante, ne convainc pas. La fin du roman prend un aspect mystique qui semble en contradiction avec la volonté de l'auteur d'ancrer son univers, ses vampires, dans un XXIe siècle parfaitement réaliste, voire même scientifique.

Une lecture somme toute plaisante

Homo Vampiris est donc un roman qui possède de nombreuses qualités, dont un univers anticipatif cohérent et donc crédible, des personnages attachants et une histoire haletante. La définition de thriller vampirique n'est pas usurpée. On regrettera seulement que Fabien Clavel, qui semble au début de son roman vouloir se départir de l'image d'Épinal du vampire, retombe finalement dans les sentiers balisés du mythe. On achève la lecture du roman avec un pointe de déception, en se disant que ce roman aurait pu être encore meilleur.

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