Black Market
Black Market est un exemple typique de ce qui se fait dans les comics aujourd’hui, dans le meilleur sens du terme. Le scénariste Frank J. Barbiere est issu du label indépendant Dark Horse, a signé Five Ghosts chez Image comics (le label fondé par les « rebelles » Jim Lee, Todd Mc Farlane et Rob Liefeld en 1992) et écrit la série The White Suits. Quant au dessinateur, l’espagnol Victor Santos, il a travaillé chez Vertigo (Filfthy Rich) et aussi chez IDW.
Les deux auteurs ont donc jusqu’ici œuvré pour des labels indépendants, jamais chez les deux majors que sont DC et Marvel. Pourtant, on va très vite se rendre compte qu’ils ne parlent que de super héros issus du comics mainstream, comme on dit de l’autre côté de l’Atlantique.
Comment voler de l’ADN de super héros ?
Médecin légiste, Ray Willis a été licencié du service et en est réduit à préparer les corps des défunts pour les pompes funèbres de son quartier. Tout ça largement à cause de manigances de son frère Denny, alors qu’il doit financer les soins de sa femme Shannon, atteinte de sclérose en plaques.
Denny revient avec un projet à casser la baraque : voler de l’ADN de super héros pour le compte d’une firme en génétique/pharmaceutique, Biocherm, afin de fabriquer des médicaments et des remèdes défiant toute concurrence. Ray accepte… Mais vite on s’apercevra que le moins stupide n’est pas celui qu’on croit…
« Démythication », toujours
Les auteurs, Barbiere et Santos, s’inscrivent dans le droit fil de la Révolution initiée par Alan Moore et Frank Miller au mitan des années 80 avec Watchmen et Dark Knight returns, c’est-à-dire montrer les super héros comme des êtres faillibles, voire finalement égoïstes, peu recommandables et à l’image de leurs adversaires. On retrouve beaucoup d’échos de la démarche de Moore dans Black Market, œuvre plutôt bien scénarisée mais qui pâtit d’un dessin « cartoony » qui ne ravira que les fans de cette approche graphique…
Reste que ça manque de rêve, de ce sens de l’émerveillement qui semble avoir déserté les comics. A lire cependant lorsqu’on aime les histoires bien écrites.