L'Exil
Feldrik Rivat est né à Thonon-les-Bains en juin 1978. Après diverses explorations dans des domaines comme le théâtre, le dessin ou la sculpture, il est devenu archéologue et cette profession irrigue perceptiblement son écriture. Initialement publié en grand format chez L’Homme sans nom, J’ai lu vient de proposer la sortie du premier et deuxième tome en poche.
"Se côtoient ici tout ce que la cité compte d'exclus, de sans-ancêtres, de crève-panses, de boiteux et autres énucléés. Les lois y sont inutiles, car la nature est ainsi faite que l'on y meurt mieux que l'on y respire."
Une fantasy chorale et sombre
Difficile d’aborder le résumé de cette intrigue foisonnante sans trop en dévoiler…
Erkan, un apprenti Sage-Guerrier (une caste de combattants exceptionnels), vient d’être banni du royaume par le roi Alkar, sous un prétexte fallacieux. Ayant respiré les fumées de la plante de l’oubli, il se retrouve seul et dépourvu de sa précieuse mémoire à l’autre bout du monde. Son père Roch, nul autre que le Gardien de la Cité, se démène pour le retrouver, quitte à s’attirer les foudres du perfide Cataxak, éminence grise et dangereux Mage Noir, conseiller du roi. Car une prophétie concerne Erkan, et tous ont un rôle à jouer dans son accomplissement ou son échec.
Mais ne seraient-ils pas tous finalement de piètres marionnettes soumises au bon vouloir des Dieux ?
Pour un résultat complexe et captivant
Feldrik Rivat compose dans ce premier tome des Kerns de l’Oubli un bien bel univers, sombre, contrasté mais dépourvu de manichéisme. Ici tout n’est qu’ombres, et rien n’est vraiment jamais acquis. Le choix d’un ouvrage choral (chaque chapitre porte le nom et adopte le point de vue d’un personnage en particulier) complexifie délicieusement la lecture et les motivations, et le lecteur voit ses certitudes rapidement vaciller. La pluralité des points de vue peut désarçonner le lecteur au début, mais on se prend rapidement au jeu, ce procédé narratif permettant également une belle diversité de styles et de vocabulaire.
L’univers des Kerns se dévoile, et prend de plus en plus d’ampleur au fil de la lecture. La filiation, la quête des origines prennent une place centrale dans le roman, et donnent à ce cycle des élans mythologiques et ontologiques intéressants. Les pions sont en place, la partie peut commencer.
Style précis et travaillé, univers riche et complexe, on ne peut qu’aimer et attendre (impatiemment !) la suite !