La Nuit des égrégores

Hervé Jubert explore depuis longtemps les territoires de la fantasy, à laquelle il n’hésite pas à donner une touche steampunk des plus originales dans la série des aventures du mage-ingénieur Georges Hercule Bélisaire Beauregard. Le premier volume a obtenu le Grand Prix de l’Imaginaire en 2013, le suivant nous avait conduits en Albion, à New London, aux côtés d’un épigone fantasmagorique de James Bond. Avec La Nuit des égrégores, c’est entre le Nouveau Monde et le Moyen-Orient qu’Hervé Jubert entraînera ses lecteurs dans une aventure inédite au rythme toujours aussi ébouriffant…

L’affaire du canal des pharaons.

À Sequana, une épidémie de folie a contaminé une grande partie de la population féerique dont les membres font désormais l’objet d’une véritable chasse aux sorcières, probablement orchestrée en secret par l’impératrice Titania et son âme damnée, l’urbaniste Hoffman. L’asile dirigé par Georges Beauregard figure bien entendu parmi les principales cibles des ennemis des féeriques, mais le mage-ingénieur ne s’y trouve pas. Il a gagné Byzance, où le ministre des Affaires Étranges lui confie une nouvelle mission, en échange de la promesse de sauver les pensionnaires de l’hôtel Beauregard. Le canal des pharaons est en effet sur le point d’être ensablé par une dune mouvante d’origine suspecte, avant même d’avoir été inauguré. Pendant ce temps, Gustave Doré se trouve au Nouveau Monde pour tenter de ressusciter un personnage de fiction. Pour y parvenir, il collabore avec l’un des départements de la fameuse Miskatonic University, à Arkham… Et ça n’est que le début !

Liberté, égalité, Faëricité…

Dans cet ultime volume, Hervé Jubert reprend l’ambiance des premiers livres de la série, et nous offre même le luxe d’un voyage temporel sous la Terreur. L’aventure se déroule sur un rythme toujours aussi frénétique et les mystères évoqués dans les tomes précédents sont sur le point d’être élucidés. Pour cet épisode, le récit n’est plus concentré sur une ville, mais étend l’intrigue et la féerie dans toutes les directions, spatiales et temporelles. L’humour et une certaine gravité s’allient une nouvelle fois pour véhiculer en filigrane un message des plus importants sur le droit à la différence, le respect de toutes les formes de vie. Tous les êtres féeriques ne sont pas malades et ceux qui sont atteints méritent plus de compassion que de rejet. Au-delà du divertissement, La Nuit des égrégores recèle une mise en garde contre l'aveuglement et la manipulation de l'opinion publique et la nécessité de prendre du recul, de réfléchir pour ne pas adopter un prêt-à-penser simpliste qui conduit aux pires excès. La lutte continue, camarades, alors unissons nos forces pour sauver les Feys !