Ses préoccupations écologiques et sa passion pour la fantasy font de Hervé Jubert l’un des plus fervents défenseurs des créatures imaginaires. L’auteur des sept tomes de la série
M.O.N.S.T.R.E. met en effet très souvent en scène une faërie en voie d’extinction, menacée par la pollution et l’hostilité des hommes à son égard. La trilogie des aventures de Georges Beauregard ne fait pas exception puisque son personnage principal dirige un refuge pour créatures chimériques persécutées. Ajoutons à ces thèmes un sens de l’humour certain, un style des plus allègres ainsi qu’une ambiance steampunk et nous obtenons
Le Tournoi des ombres…
Fog, smog et grog. À Sequana, le sinistre préfet Hoffman poursuit son projet d’urbanisation et les dangers qui menacent la féerie sont de plus en plus présents. Ce n’est pas le cas partout, car à New London, les feys et les hommes se sont associés pour mener une révolution industrielle sans précédent. C’est donc de l’autre côté du Détroit que se rendra Georges Beauregard, mandaté par le ministère des Affaires Étranges pour une mission de confiance. Il doit en effet préparer la visite prévue à la reine Victoria par le couple impérial sequanais, Oberon III et Titania. Georges Beauregard aura bien besoin de l’aide de Jeanne, sa jeune collaboratrice, et de son vieil ami Gustave Doré, pour venir à bout de cette tâche délicate. De plus, New London est l’objet d’une vague de crimes dont le
modus operandi semble indiquer une participation féerique. C’est avec l’aide de John Dee, le célèbre psychomancien albionais, que nos héros tenteront de résoudre le mystère et protéger le couple impérial.
Un second tome certifié conforme au premier… Riche en rebondissements et en personnages étranges, chargé de références et plutôt drôle malgré la noirceur d’un arrière-plan qui évoque les dures années de la révolution industrielle, ce deuxième tome reste dans la même veine que le premier. On peut même se faire la réflexion qu’il fonctionne comme un reflet de
Magies secrètes, dans lequel sévissait également une vague de crimes collectifs. New London fait figure de double de Sequana, John Dee est un alter ego de Georges Beauregard, son assistant Henry ressemble à Jeanne sur bien des points, et la
Comedia dell’arte du premier tome fait place au théâtre élisabéthain du Barde d'Avon… Seul le décor change, avec l’utilisation des créatures féeriques nées outre-Manche et les clins d’œil à quelques clichés concernant les Albionais, pas forcément faux, comme leur propension à tolérer les comportements les plus originaux et autres particularités culturelles. On pourrait cependant regretter la disparition des notes de bas de page, mais surtout de l’annexe en fin de volume, car il aurait pu être intéressant d’avoir une interprétation féerique des curiosités londoniennes. Égal au premier volume, on ne s’ennuie pas avec ce
Tournoi des ombres, un roman sans surprise si on a lu le précédent, mais qui parvient à divertir agréablement de la première à la dernière page.