Demain, une oasis
Un géant de la science-fiction française
Décédé prématurément en 2015, Ayerdhal a marqué la science-fiction française avec une œuvre prolifique, récompensée par de nombreux prix (dont deux Grand Prix de l’imaginaire). Le Fleuve noir le publie en 1990 pour la première fois avec
La bohême et l’ivraie, puis
Mytale, suscitant l’intérêt du lectorat par son ton irrévérencieux et volontiers polémique. Ayerdhal revendiquait l’influence de Ray Bradbury, Frank Herbert, Norman Spinrad et John Varley. Il a aussi écrit des thrillers, comme
Transparences,
Résurgences et
Rainbow Warriors.
Demain, une oasis a d’abord été publié au Fleuve noir en 1992 (et voici son premier grand prix de l’imaginaire en 1993) avant de faire l’objet d’une réédition Au Diable Vauvert en 2006.
D’une plausible anticipation
Le narrateur commence le récit de sa vie, sous l’œil narquois de sa femme Tatiana… Dans la première moitié du vingt et unième siècle, l’Europe, l’Amérique du Nord et une partie de l’Asie se sont lancées dans la conquête de l’espace avec d’abord la Lune, puis Mars et Venus. « Terraformer » ces deux planètes est une entreprise de longue haleine dans laquelle le narrateur, médecin conformiste et rangé, est prêt à s’engager. Sauf qu’il est enlevé par des éco-terroristes qui l’emmènent en Afrique. Surnommé l’interne, il doit intégrer un groupe assez hétéroclite dominée par la farouche Dziiya. L’interne va progressivement découvrir l’Afrique et ses tourments, imposés par un Occident égoïste et insensé. Même de retour chez lui après une évasion rocambolesque, l’interne est marqué par son expérience qui a remis en cause sa vision du monde… Au point de le changer ?
Trop de bons sentiments plombés par une narration déficiente
On est gênés au final devant Demain, une oasis… Sur le fond, la vision qu’a Ayerdhal de notre monde en 1992 se révèle finalement assez proche de notre réalité : réchauffement climatique, guerres religieuses… C’est sur le plan de la forme que l’ensemble pêche. Ayerdhal a ici un travers : recourir aux dialogues pour faire avancer l’action, alors qu’ils auraient gagné à faire l’objet de paragraphes rédigés dans un style neutre, voire behavioriste… c’est dommage car, encore une fois, l’anticipation est pertinente. On reste donc frustré.