Doug Moench s’est formé chez Marvel sur des séries comme Captain Marvel, Conan The Barbarian ou Fantastic Four avant de lancer la série Moon Knight en tandem avec le dessinateur Bill Sienkiewicz. Le duo proposait un justicier urbain, très inspiré par Batman, où peu à peu les légendes égyptiennes prenaient le dessus.
Après ce succès créatif, Moench quitta Marvel pour entamer une carrière chez DC. Il y rencontra le jeune dessinateur Kelley Jones, dont le trait s’épanouissait dans un genre gothique (remarquable sur Sandman). Jones s’est en tout fait un nom sur Batman entre 1995 et 1998, proposant une version quasi démoniaque du Caped Crusader, avec des oreilles très pointues au-dessus du crâne, très loin finalement de la vision Hardboiled de Batman. Moench et Jones nous donnent ici un Batman Vampire où le héros rencontre Dracula et des morts-vivants fiers de leurs canines.
Un cauchemar qui s’installe de plus en plus
Tandis que se multiplient les égorgements dans les bas-fonds de Gotham, Bruce Wayne rêve d’une splendide créature qui vient le hanter et le tenter. En tant que Batman, il constate la multiplication des meurtres par égorgement, que la ville étouffe pour sauvegarder la réputation de Gotham. Son combat face à un des meurtriers laisse Batman perplexe : comment une vieille femme peut avoir une telle forme ?
Il s’interroge encore plus lorsqu’il constate que sa propre force est décuplée. Batman/Wayne s’inquiète et se soumet à une analyse de sang qui révèle des anomalies. La femme de ses rêves se manifeste alors : elle se nomme Tanya, est un vampire et combat son maître Dracula depuis des dizaines d’années. Or Dracula vient d’arriver à Gotham. Tanya donne son sang à Batman pour le fortifier dans sa lutte à venir contre le seigneur des vampires. Le prix à payer se révèlera pourtant lourd…
Un graphisme décevant
Objectivement, on ne peut rien reprocher à l’histoire, classique et très bien menée mais qui peut gêner les fans dans son postulat (Batman devenir vampire ? Malédiction sur sept générations…). Quant au graphisme, on peut le qualifier d’inégal. Est-ce à cause de l’atmosphère gothique de plus en plus envahissante ?
On part d’un dessin encore « très comics » pour arriver à un final de plus « peint », avec des visages déformés par l’angoisse et la peur. Pourquoi pas après tout, chaque artiste ayant le droit de donner « sa » version de Batman. On a le droit cependant de rester de marbre et de préférer Neal Adams, Frank Miller ou Marshall Rogers…