Wika et les Fées noires
Thomas Day est un auteur qu’on ne présente plus : excellent nouvelliste - son dernier recueil en date, Sept secondes pour devenir un aigle (Le Bélial), a été récompensé par le Grand Prix de l’Imaginaire 2014 - on lui doit également plusieurs romans, notamment le Trône d’ébène, La voie du sabre, ou plus récemment Dragon. Il a également contribué au projet Gotland (toujours au Bélial) avec Nicolas Fructus et Franck Achard.
Il accompagne au scénario de Wika Olivier Ledroit, que les amateurs de bande dessinée connaissent bien à travers des séries comme les Chroniques de la lune noire, Sha ou encore Xoco, inspiré des univers de Lovecraft.
Un tyran implacable
Wika Grimm a pu se sortir saine et sauve de son affrontement avec les Loups d’Obéron, au contraire de son premier amour qui l’accompagnait. Au désespoir, la jeune femme est recueillie par les ennemies jurées d’Obéron, les Fées noires. Elles vont l’aider à maîtriser ses pouvoirs, mais leur enseignement n’est pas gratuit...
Quel tour réserve le destin à Wika ?
Les pouvoirs des fées seront-ils suffisants pour contrer ?
La grande fresque entamée dans le premier volet se poursuit ici, avec les mêmes ingrédients : complots, trahisons et vengeance sont toujours à l’honneur, et la quête de pouvoir d’Obéron se fait dans le sang... La jeune Wika va commencer son apprentissage sous l’aile protectrice des Fées noires, et elle compte bien mettre un terme au règne du tyran et venger ses parents. Mais Obéron est un adversaire redoutable qui ne recule devant rien pour venir à bout de ses ennemis. Le début de la série était tragique et cruel, il en va de même ici, et le destin qui attend Wika s’annonce décidément bien sombre. Il y a un côté inéluctable à la venue du règne sans partage d’Obéron, qui frappe d’autant plus le lecteur que Wika se révèle puissante, mais encore inexpérimentée. L’histoire a des airs d’opéra tragique, avec son découpage en quatre volumes qui sont autant d’actes ; il faudra attendre encore un peu avant le dénouement, et on a hâte de voir quels rebondissements les auteurs nous auront préparés en attendant...
Olivier Ledroit continue quant à lui son travail d’orfèvre : les dessins fourmillent de détails, et mélangent avec bonheur les éléments naturels liés aux fées à des éléments technologiques steampunk. Cette mixité apporte une variété bienvenue aux différentes planches, et leur évite de paraître trop surchargées. Si chaque planche est un véritable tableau à admirer, chaque lecteur de la série pourra ainsi s’attacher aux éléments du décor ou des vêtements qui lui parlent davantage, ce qui ne nuira pas au rythme de lecture. La série se prête d’ailleurs à la relecture : les détails présents tant dans les dessins que dans le texte y invitent fortement. On regrettera toutefois quelques planches au découpage audacieux mais assez peu lisibles, où l’enchaînement des bulles n’est pas évident. Un petit bémol au regard de la qualité de l’ensemble, avec une série très riche que ce soit d’un point de vue visuel ou scénaristique. Vite, la suite !