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Telluria

Vladimir Sorokine ( Auteur), Anne Coldefy-Faucard (Traducteur), Santiago Caruso (Illustrateur de couverture)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 01/02/17  -  Livre
ISBN : 978330073145
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Salome   - le 27/09/2018

Telluria

Vladimir Gueorguievitch Sorokine est né le 7 août 1955 à Moscou. Il est ingénieur, romancier, nouvelliste, dramaturge, essayiste et illustrateur. Son style est qualifié comme étant post-moderne. Il a reçu le prix Andreï Biély en 2011 dans la catégorie pour le mérite de la littérature.
 
Bienvenue à Telluria !
 
Telluria est un voyage dans un univers de fantasy à plusieurs voix. L'Europe a littéralement implosé à la suite d'incursions par les wahhabites et les talibans. La Russie se retrouve alors démantelée par les séparatistes. Le chaos règne, une ère digne d'un retour au Moyen Âge refait surface. Les Chinois ont débarqué sur Mars, et le monde est alors plongé dans une grande période de confusion et de troubles, parsemé de petites principautés où perdurent plus que jamais les privilèges, la corruption et les disparités entre les classes. Et Telluria dans tout ça ? La Tellurie se situe dans l'Altaï et son président est français. 
 
Grandeur et décadence dans un univers de fantasy
 
Autant vous le dire tout de suite, s'attaquer à Telluria n'est pas une mince affaire. Non la lecture n'est pas fluide, non, il est peu probable que vous y preniez un réel plaisir tant sa lecture est complexe et ardue.
 
Sorokine joue avec les styles, passant du soutenu au vulgaire, s'attelant avec une étonnante fluidité à cet exercice (et sa traductrice aussi), Telluria est une sorte de panaché de nouvelles dans cet univers chaotique, glauque et malsain. Et c'est probablement la raison qui fait que le lecteur n'arrive jamais à s'y habituer. Je pense toutefois que c'est son intention. Il souhaite nous surprendre, nous dégoûter, nous faire rire et prendre conscience avec horreur que ce qu'il nous décrit là n'est probablement pas bien loin de ce qui pourrait nous arriver.
 
Et si ça vous fait peur eh bien tant mieux. Que vous l'aimiez ou non, une chose est sûre, Telluria est un livre qui ne laisse pas son lecteur indemne. Pas de répit ni de retour en arrière possible. On ne saura ni le début ni la fin de son histoire. On est plongé dans un instant T, celui de Telluria où tous les excès sont permis. À l'image de cette nouvelle drogue révolutionnaire, ces clous de tellure plantés dans le crâne à l'aide de charpentiers, elle fige le temps, c'est la meilleure de toutes, y goûter c'est avoir la certitude que vous ne verrez plus jamais les choses comme avant.
 
Voyager dans Telluria c'est également être confronté à la grandeur et à la décadence de la culture russe, sa littérature, la période soviétique. Le travail de traduction d'Anne Coldefy-Faucard (Mention spéciale au Prix Russophonie 2012 pour la sa traduction de La Tourmente de Sorokine également) est très bon, rendant compte et explicitant avec justesse et simplicité les références sans pour autant altérer la lecture.
 
Du coup, oui, vous allez suer, oui, c'est pénible, mais ça vaut bien toute cette peine, et ce, rien que pour cette sensation d'horreur, de dégoût et de malaise que ce roman va susciter en vous.  

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