Zones de divergence
John Feffer est un spécialiste des relations internationales, directeur de la publication Foreign Policy in Focus publiée par l’Institute for Policy Studies. On lui doit plusieurs textes aux États-Unis, notamment sur les relations Est-Ouest ou la Corée du Nord. Zones de divergence est son premier roman.
Un futur bien sombre
L’universitaire Julian West a publié il y a près de trente ans un best-seller qui anticipait les catastrophes survenues depuis : le réchauffement climatique, la montée des nationalismes, la propagation du terrorisme islamique, la fin de l’État-Nation. L’Europe s’est effondrée, Washington a été ravagé par un ouragan, la Russie, le Brésil, l’Inde et la Chine se sont disloqués…
Arrivé à la fin de sa vie, le vieil homme qui veut saluer une dernière fois sa femme et ses trois enfants entame un tour du monde pour les retrouver. Il traverse les cinq continents sous la forme d’un avatar numérique et ne peut que constater la triste réalité de ses prédictions…
L’homme ne changera jamais
Ce roman de John Feffer se place dans la plus pure tradition du roman dystopique, avec des lendemains qui déchantent : et c’est l’humanité qui provoque sa propre destruction. La connaissance de l’auteur des relations internationales et des mécanismes à l’œuvre dans le fonctionnement de notre société capitaliste lui permet de décrire une évolution possible du monde actuel, et le moins qu’on puisse dire est que sa vision est assez effrayante car très réaliste. La structure narrative du roman joue d’ailleurs sur une mise en abyme, le Zones de divergence de John Feffer pouvant devenir dans trente ans le Zones de divergence de Julian West…
Le roman se présente comme un essai, le testament d’un vieil homme et d’un chercheur qui souhaite donner un compte-rendu objectif de sa vie et des événements passés et en cours. Les notes de bas de page qui parsèment l’histoire permettent de prendre du recul sur le récit, de l’envisager sous un autre angle, et soulignent au contraire l’importance des expériences personnelles et de la subjectivité dans toute pratique intellectuelle. Une façon pour John Feffer de montrer que son roman donne une vision d’un futur possible, et d’inviter à réfléchir sur cette base. Il dénonce bien les travers de la société actuelle, mais sans fermer la porte à la réflexion… un bon roman de SF, en somme !