Un parcours atypique
Ancien collaborateur du journal de jeu de rôle Casus Belli, Fabrice Colin publia son premier roman Neuvième cercle en 1997 chez Mnémos. Comme dans un conte de fées, il ne s’est plus arrêté depuis, alternant romans « jeunesse » et adultes, science-fiction et fantasy (Winterheim), voire polar (Blue Jay Way chez Sonatine en 2012) auquel s’ajoute un roman consacré à Elric, Les Buveurs d’âmes, en collaboration avec Michaël Moorcock au Fleuve noir en 2011. Ces dernières années l’ont vu cependant s’éloigner des littératures de l’imaginaire. Or not to be, initialement paru en 2002, constitue une occasion de se replonger dans ce qui fut une des réussites de Fabrice Colin.
Une vie à l’ombre de Shakespeare
Depuis sept ans, Vitus Amleth de Saint-Ange vit dans un asile, l’institution d’Elisnear Manor. Il est amnésique, d’un type particulier car il ne se rappelle plus de ce qui lui est arrivé depuis sa septième année. Il vit avec son obsession de William Shakespeare qu’il relit sans cesse et sans cesse. À la mort de sa mère, Vitus s’évade de l’institution et retourne à Londres. Il y revoit son oncle Quinlan, prend possession de son héritage… Ce n’est rien pour lui, Vitus ne vit que pour Shakespeare et sent un appel. Il va bientôt redécouvrir son passé et se souvenir : tout commença finalement à Fayrwood où, enfant, il y rencontra le dieu Pan dans les ruines d’un temple romain…
Un roman à clefs
Il y aurait beaucoup à dire d’Or not to be, l’énigme finale puisant dans l’enfance du personnage, sans compter les emprunts mythologiques (La Forêt des Mythimages de Robert Holdstock n’est pas loin). En tout cas, ce roman se lit autant comme un thriller que comme un roman fantastique. L’auteur sait jouer avec son lecteur, l’entraînant sur des pistes auxquelles il n’aurait pas pensé, maniant avec maestria les références littéraires et poétiques, n'hésitant pas devant les expériences narratives. Ne boudons jamais notre plaisir, (re)lisons Or not to be.