Un auteur culte, un écrivain de génie
Auteur du Maître du haut château, d’Ubik et de Simulacres, Philip K. Dick a, depuis sa mort, accédé à la reconnaissance de ses pairs et aussi du cinéma : Ridley Scott bien sûr (Blade Runner) mais aussi Paul Verhoeven (Total Recall), Christian Duguay (Planète Hurlante) ou Steven Spielberg (Minority Report) l’ont adapté avec plus ou moins de bonheur. L’année dernière on a vu une mini-série anthologique baptisée Philip K. Dick’s Electric Dreams être diffusée aux USA (après celle consacrée au Maître du haut château), basée sur dix nouvelles plus ou moins connues.
Un maître du format court
C’est une occasion de revenir sur cet aspect de Dick, plus connu comme romancier que comme nouvelliste. Chaque récit fait l’objet d’une introduction du scénariste qui l’a adapté, généralement admirateur de l’œuvre dickienne. Notons ici que ces nouvelles datent des années 50, d’un moment où la thématique dickienne se met peu à peu en place. D’un point de vue littéraire, on se doit ici de noter l’importance du père truqué, où un enfant découvre que son père n’est pas le sien, remplacé par une créature, un double qui a poussé dans le jardin. Dick avait-il lu l’invasion des profanateurs de sépultures de Jack Finney ? En tout cas, le récit est excellent. On retrouve la même force dans Le banlieusard, où un employé des transports est confronté à un homme demandant son billet pour Macon Height : le problème est que la ville n’existe pas. Elle aurait pu mais n’existe pas… quoique si au final. Dick est à son meilleur niveau ici, l’épisode qui en a été tiré est aussi d’une grande qualité.
Dick est toujours actuel
Certaines nouvelles ont une résonance : L’inconnu du réverbère raconte l’histoire d’Ed Loyce qui découvre un jour un corps qui pend. Il découvre au fur et à mesure qu’il s’agit de la victime d’une invasion d’être venus d’ailleurs, qui suppriment les êtres humains qui se sont rendus compte de leur présence. Reste qu’il est impossible de ne pas penser aux Strange fruit de Billie Holiday… Voici en tout cas une anthologie bien faite qui démontre bien les qualités de Dick, auteur majeur et toujours de notre temps.
Sylvain Bonnet