Black Bottom
Curval, l’homme des jeux
Depuis Le Ressac de l’espace, Philippe Curval habite la science-fiction française comme d’autres campent sur l’Aventin. Dans les années 1970, il a donné avec Cette chère humanité un chef-d’œuvre à la science-fiction française, décrivant avec beaucoup d’acuité et de réalisme une Europe fermée sur elle-même. Influencé par le surréalisme, Curval a toujours joué avec la langue et ses personnages. On va voir qu’avec Black Bottom, publié par La Volte, il ne déroge pas avec ses habitudes.
Un professeur en grève et une réalité distordue
Beth Raven, professeur en grève illimitée à cause de ses élèves récalcitrants, tient un blog assez délirant et décadent dans lequel il joue avec la réalité. Entouré de son ami Bill le charcutier et de sa compagne Irène, il se rend compte progressivement qu’écrire son blog influence la réalité. Il ne tarde pas à attirer l’attention de Festen. Pendant ce temps, Irène le trompe avec Kevin Duchâtel, son ancien condisciple à Normale. Schizophrène, Beth Raven ne sait pas que Kevin est son double, qu’il l’a créé autrefois pour pallier sa solitude. Il n’est qu’au début d’aventures qui vont le mener jusqu’à Venise, à travers les méandres d’un art contemporain de plus en plus branque…
Un résultat étonnant
Black Bottom est un roman fumiste, fumant et foutraque. Un peu fou et très enthousiasmant aussi. On y voit un héros capable de distordre la réalité, en proie à la schizophrénie, parent des personnages de Philip K. Dick. On y voit aussi le personnage d’une femme, Irène, qui sauve le héros de lui-même. Les deux pratiquent un amour joyeux finalement assez réjouissant. Et barré aussi. Un « roman OVNI » qui réjouira les amateurs de Curval et aussi ceux qui aiment prendre la littérature par des chemins de traverse.