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Le syndic

Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 29/10/19  -  Livre
ISBN : 2720100927
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fredcombo   - le 29/10/2019

Le Syndic

A presque trente-cinq ans, un âge auquel bien des auteurs commencent seulement à comprendre comment écrire de bonnes histoires, Cyril Kornbluth mourut d’une crise cardiaque. Son décès prématuré a probablement privé la science-fiction d’un auteur majeur, si l’on en juge par la qualité de ses textes et l’estime en laquelle le tenaient ses confrères. Extrêmement prolifique, adoptant volontiers un ton à la fois sarcastique et provoquant, Cyril M. Kornbluth a énormément publié dans les pulps des années cinquante, sous son nom mais aussi derrière de nombreux pseudonymes. L’ouvrage que l’histoire a retenu de lui reste le célèbre (et excellent) Planète à gogos, écrit en collaboration avec son ami Frederik Pohl. Il n’est pas sans intérêt de noter, avant de lire Le syndic, que Cyril Kornbluth était membre du fameux club des Futurians, un groupe d’auteurs et éditeurs de SF des années cinquante politiquement très engagés.

Ni dieu (du Centaure), ni maître (du Haut-Château)…

Dans un futur proche, le gouvernement américain a été renversé et s’est réfugié en Islande. Il ne se manifeste plus que sous la forme d’une flotte de navires de guerre dont les activités sont assimilées à de la piraterie par les nouveaux maîtres de États-Unis. En effet, le crime a gagné la guerre et les vainqueurs se sont partagés le territoire : à l’ouest se trouve le Syndic, organisation familiale et libertaire, tandis que l’Est est dirigé par le Gang, des durs aux méthodes beaucoup moins clémentes. Charles Orsino, un cousin éloigné de la famille à l’origine du Syndic, est envoyé en mission auprès du gouvernement rebelle à la suite d’une vague d’assassinats. L’agent double se rendra jusqu’en Europe, dans une Irlande revenue à l’âge du bronze et dirigée par des sorcières…

Avec cet arrière-plan politique, une couverture noire s’imposait !

En dépit du sujet — économie et politique — ce livre manque de sérieux, et ce n’est pas le moindre de ses mérites ! Pourtant, on y trouve en abondance la matière à des réflexions intéressantes. Le philosophe libertaire controversé Edward Konkin III, fan de science-fiction, tenait d’ailleurs Le syndic en très haute estime, à égalité avec la Révolte sur la Lune de Robert Heinlein. La description que fait Cyril Kornbluth du système en vigueur dans l’ouest américain est en effet plutôt positive. La mafia qui dirige cette partie du pays y est décrite comme une association criminelle plutôt pacifique, et la population semble vivre heureuse sous son ombre très paternaliste. Les forces gouvernementales en exil, quant à elles, sont surtout constituées de militaires présentés comme des parasites obsédés par l’obtention de promotions. Éminemment originales et amusantes, les mésaventures de Charles Orsini dans une Europe barbare et son retour à la « civilisation » pourraient satisfaire intelligemment les besoins de bien des lecteurs du vingt-et-unième siècle. Il est dommage que les volumes de la collection CLA-OPTA, seul moyen de lire cet excellent roman, soient devenus si rares et coûteux.

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