Une œuvre qui s’inscrit dans le fantastique
Auteur américain, Jonathan Carroll a remporté de nombreux prix pour ses récits, par exemple le prix Bram Stoker pour son recueil de nouvelles Collection d’Automne (Denoël "présences", 1998) et le grand prix de l’imaginaire pour la nouvelle Ménage en grand en 2000. Flammes d’enfer, paru initialement chez Albin Michel en 1991, est ici réédité dans une traduction révisée par les éditions Aux Forges de Vulcain, comme précédemment Os de Lune.
Amour et magie
Walker Easterling vit à Vienne et travaille pour le cinéma. D’abord acteur, il s’est rendu compte qu’il avait plus de talent pour l’écriture de scénarios. Il écrit donc des histoires, qui sont tournées ou non, surtout pour son grand ami Nicholas Sylvian. Ce dernier lui présente la superbe Maris, une jeune mannequin malheureusement poursuivie par son ancien amant. Bons gars, Walker et Nicholas s’arrangent pour se débarrasser de l’importun. Puis arrive ce qui doit arriver : Walker et Maris tombent fou amoureux l’un de l’autre. Arrive alors des choses étranges : Walker fait des rêves bizarres et se met à parler dans une langue inconnue avec deux vieilles femmes. Et l’horreur arrive : son ami Nicholas se fait assassiner à l’aéroport de Vienne.
Pour se changer les idées, Walker accepte d’aller tourner dans un film en Californie, emmenant Maris avec lui. Là-bas, il rencontre Venasque, un vieil original qui dispose de pouvoirs particuliers. Walker serait hanté par ses vies antérieures et cache un lourd secret : son père le tue chaque fois que Walker rencontre une femme et s’éloigne de lui. En même temps, ce père n’est autre qu’un lutin sorti d’un conte des frères Grimm : la vie se complique pour Walker surtout quand Maris tombe enceinte, ce qui fâche le lutin…
Un roman mi-figue, mi-raisin
Drôle d’objet que ce Flammes d’enfer. Dans sa première moitié, on a droit à une intrigue sentimentale à la limite du mièvre avec ce scénariste amoureux de sa femme mannequin, évoluant entre Vienne et la Californie, déconnecté du réel. Les personnages sont alors de grands enfants en pleine fête permanente, malgré l’ex-copain de Maris qui fait des siennes. Lorsqu’arrive les rêves et les vies antérieures, on croit toucher le fond… Et c’est là que le roman démarre. Jonathan Carroll livre alors une histoire solide, ancrée donc dans un conte des frères Grimm, lorgnant du côté de la métafiction, avec une chute finale plutôt réussie. A découvrir ou à (re)lire donc.
Sylvain Bonnet