Livre
Photo de Le système Valentine

Le système Valentine

Patrick Marcel (Traducteur), John Varley ( Auteur), Manchu (Illustrateur de couverture)
Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 09/12/19  -  Livre
ISBN : 2207249824
Commenter
Xavier   - le 27/09/2018

Le système Valentine

John Varley frappa fort dès son premier roman : Le canal Ophite. Cet excellent texte dont la réédition est annoncée chez Folio SF contient déjà les prémices de son œuvre à venir. L’univers qu’il construit dans la plupart de ses récits forme un tout cohérent. Varley s’attache à tel ou tel point d’une première œuvre qu’il développe ensuite à son gré dans d’autre récits. Viennent par exemple se greffer à l’univers de son premier roman plusieurs nouvelles des recueils Persistance de la vision ou de Champagne bleu (les deux nouvelles Persistance de la vision et Frappez : Entrée ont obtenu un doublé rare - voire unique - puisque chacune a reçu à la fois les prix Hugo et Nebula). Il est aussi l’auteur de la trilogie de Gaïa, de Millenium et de Gens de la Lune.

John Varley : peu prolifique mais habituellement de très haute volée

Même si tous ses textes peuvent se lire indépendamment, voici dans les grandes lignes la trame sur laquelle vient se dérouler Le système Valentine : des envahisseurs ont éradiqué la quasi totalité de l’humanité, les survivants se sont  réfugiés sur les autres planètes du système solaire sans jamais retourner sur la Terre. Grâce à une émission d’informations extraterrestre les rescapés parviennent à faire des progrès scientifiques jamais égalés. Les humains vivent désormais facilement 150 ans en conservant l’aspect d’un trentenaire, ils peuvent changer de sexe ou d’apparence physique à volonté, réparer tout dommage corporel aussi grave soit-il à l’exception de ceux touchant le cerveau et le clonage humain est parfaitement maîtrisé.

Sparky Valentine : sa vie, son œuvre

Voici l’histoire de Kenneth Catherine Duse Faneuil Savoyard Booth Johnson Ivanovitch de la Valentine, comédien. Kenneth Valentine pour aller plus vite (Sparky pour les intimes) est, comme ses aïeux depuis cinq générations, né et dressé pour illuminer de sa présence les planches de tous les théâtres du système solaire. Kenneth a subi beaucoup d’opérations chirurgicales afin de pouvoir changer d’apparence ou de sexe et ainsi être capable de jouer n’importe quel rôle. Le jour où il apprend que sa copine d’enfance monte Le Roi Lear sur Luna, il n’hésite pas à traverser le système solaire pour avoir le rôle. Et vu qu’il est dans la dèche, le voyage s’annonce long et compliqué, ce qui lui laisse le temps de s’adresser à nous pour raconter sa vie, histoire de tuer le temps (le sien tout particulièrement)…

Un système D à toute épreuve

Le Système Valentine est donc, vous l’aurez compris rédigé à la première personne du singulier. Kenneth nous explique comment il survit lorsqu’il ne joue pas du Shakespeare. D’arnaques en menus larcins, il nous livre ses combines d’un ton badin. Avec sa moralité bien à lui, il fallait immanquablement qu’il s’attire les foudres d’une mafia planétaire ayant juré de le rattraper pour lui faire passer un sale quart d’heure (dilatation temporelle oblige, il devrait bien durer une bonne année terrestre). C’est donc parti pour une course-poursuite durant laquelle nous ferons connaissance de son copain Elwood et de son bichon frisé : Toby.

John Varley se lâche

Les situations cocasses, les formules à l’emporte-pièce, la sagesse de Valentine Père rabâchée toutes les vingt pages font de la lecture des 500 premières une très bonne pioche. On apprend comment Kenneth obtient son premier rôle et simultanément le surnom qui lui collera à la peau jusqu’à la fin de ses jours… Le tout est truffé de trouvailles où Varley joue avec la typographie : montrant ici des tableaux d’audiences d’émissions ou de parts de marchés et là de cartes à collectionner « Sparky » pour la cible des 8-10 ans, etc. Interpellant le lecteur, le prenant aussi de temps en temps pour un con (ce qu’il est souvent, non ?), Kenneth explique comment et pourquoi il change de point de vue, il se paye le luxe de dormir pendant près de 150 pages et met ainsi en pause le développement de son récit (le tout sans être chiant une seconde… de quoi faire rêver bien des auteurs)… Bref, Varley s’amuse et le lecteur en profite. Sa plume est acérée et n’épargne ni Hollywood, ni le jury et encore moins les pigeons (pas les oiseaux, juste les gens comme vous et moi). Ajoutez à cela une scène d’anthologie : un duel dans une gaine d’aération que n’aurait pas renié John McLane. Si le roman finissait à la cinq centième page, vous auriez eu un bon gros bouquins léger et goguenard faisant des clins d’œils tantôt à ce bon vieux William Shapespeare, tantôt à Robert Heinlein ou à Arthur C. Clarke… Mais voilà, il reste 70 pages de plus dans lesquelles il rajoute à toutes ces qualités un coup de théâtre digne des plus grands, déchire le voile de cynisme et la coquille d’indifférence pour aborder avec finesse la violence et l’amour qui existent entre un père et son fils et, cerise sur le gâteau, amorce une réflexion d’ordre éthique sur le clonage.

Un retour on ne peut plus réussi


Le « grand retour de John Varley après quelques années d’absence » nous annonçait la quatrième de couv’ : merci d’être revenu John, tu nous as vachement manqué, ça fait du bien de te relire enfin.

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?