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Macha ou le IVe Reich

Aux éditions :   -  Collection : 
Date de parution : 01/07/20  -  Livre
ISBN : 9782330134921
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Salome   - le 24/08/2020

Jaroslav Melnik - Macha ou le IVe Reich

Jaroslav Melnik est né en 1959 en Ukraine. Écrivain et philosophe lituano-ukrainien. Il est l'auteur de Les Parias d'Éden (Robert Laffont 1997) et plus récemment d'Espace Lointain (Agullo 2017, Livre de Poche 2018) une dystopie consacrée aux problèmes de contrôle de l'Etat exercé sur ses citoyens. Les notions de liberté et de libre-arbitre sont des thèmes récurrents de son œuvre et pistes de réflexion. Il a obtenu de nombreux prix et distinctions. Macha ou le IVème Reich (Actes Sud 2020) est son troisième roman traduit en français.

Un roman d'anticipation post-nazisme

3896, le IVème Reich est un État planétaire. La société comprend des hommes et des stors, des espèces d'apparence humanoïde reléguées au statut d'animaux, autant pour les tâches domestiques que pour nourrir les hommes, sa viande est très prisée et indispensable pour nourrir la population humaine. Dima, un journaliste à La Voix du Reich voit son destin basculer le jour où il en apprend plus sur l'origine de ces stors et par-là, l'identité d'une de ses bêtes "Macha".

Une réflexion sur la condition animale et le totalitarisme

De nos jours, les publications sur le nazisme, qu'elles soient fictives ou historiques, sont toujours aussi prolifiques sur le sujet. Le nazisme est un sujet qui effraye, tant par son ampleur que les répercutions qui font encore écho dans notre société d'aujourd'hui. Pourquoi continue-t-on de faire des romans d'anticipation sur le sujet ? Parce que ça marche ? Parce que jamais nous ne réussirons à totalement comprendre ce qui s'est produit pour qu'une telle chose arrive ? Il y a parfois des productions plus légères sur le sujet, à l'image par exemple de Dead Snow mettant en scène les clichés des films gores avec des zombies nazis, ou encore Iron Sky, imaginant une société dystopique nazie sur la Lune. Au niveau des ouvrages littéraires, nous pouvons citer Swastika Night de Katharine Burdekin, décrivant une société dystopique nazie misogyne et sectaire ou encore La Reine de la nuit de Marc Behm, un récit dénonçant les atrocités nazies par le biais d'une héroïne sulfureuse et cynique à son paroxysme (que je vous conseille). Macha ou le IVème Reich est donc une production littéraire qui se veut dans l'ère du temps. Avec un titre et une couverture tapageuse, il prend comme exemple la condition animale pour pouvoir nous en apprendre plus sur notre "humanité".

L'intrigue est en soi assez basique, Dima, notre journaliste à la solde de la société post-nazie s'éprend d'un animal qui en fin de compte n'en est pas un "Macha" et tout un flux d'interrogations sur sa propre condition et la société dans laquelle il vit va découler de cette idylle. Le parcours de notre homme est entrecoupé de coupures de presses qui permettent de se rendre compte du mode de pensée de cette société totalitaire qui donne alors l'illusion à la population qu'elle est libre de penser ce qu'elle souhaite, mais tant que cela reste fidèle à la ligne de pensée officielle. Bien évidemment, se poser la question du sort de bêtes de sommes d'apparence humanoïdes mais pas humaines ne font pas vraiment partie des sujet tolérés.

J'ai rapidement eu du mal à m'attacher à Dima (peut-être est-ce volontaire ?), il ne fait pas figure d'une intelligence remarquable. Je le vois comme un fonctionnaire qui s'ennuie un peu, assez vite on comprend qu'il n'est pas satisfait de son couple et de sa famille, et son attachement avec Macha est une sorte d'échappatoire à sa vie un peu fade. Quant au statut des stors, Dima le dit lui-même assez rapidement en voyant Macha qu'elle ressemble vraiment beaucoup à "une vraie femme". Une manière peu subtile d'expliquer ce qui va suivre, à savoir il va tout plaquer pour "la jeune et belle Macha" (le terme est dans la quatrième de couverture, je n'invente rien). Est-ce volontaire de nous décrire un homme orienté en premier lieu par ses bas instincts pour rattraper le coup avec une réflexion philosophique et éthique ? Je trouve la tournure très maladroite.

Quant à la réflexion philosophique des articles de presse, rattrapent tout de même le coup sur nos protagonistes. Ils permettent de mettre en lumière cette société post-nazie. Très rapidement, on nous explique clairement l'origine des stors, mettant tout sur le dos des nazis. S'en suit une argumentation imparable du "c'était il y a très longtemps, nous ne sommes pas responsables, ce sont des animaux aujourd'hui". J'ai eu parfois l'impression de lire un pamphlet antispéciste qui utilisait des arguments maladroits et convenus pour critiquer les défenseurs de la cause animale comme par exemple ironiser sur le sort et la conscience des animaux en parlant des émotions d'une carotte. Était-ce bien nécessaire ?

J'ai eu du mal à m'impliquer et à prendre ce roman comme un véritable tour de force au niveau de sa réflexion sur la condition animale. Et pourtant, étant moi-même impliquée sur le sujet, j'aurais dû trouver écho à cela, mais il n'en est rien. Au contraire, les moyens utilisés et les arguments m'ont mis mal à l'aise, j'ai eu le sentiment que tout cela était trop gros, trop exagéré pour être crédible et d'être totalement passée à côté de la démarche de l'auteur.

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