New York Times Best Seller, Cemetery Boys est un roman Young Adult d’urban fantasy qui parle de trouver sa place dans sa communauté.
À East Los Angeles, la famille de Yadriel a le pouvoir de guérir les vivants et d’aider les âmes des morts à passer de l’autre côté. Un don accordé par leur déesse Notre Dame la Mort, qui leur permet également de retrouver leurs proches défunts lors d’une immense fête, deux jours par an.
La date approche. Pour Yadriel, 16 ans, elle est importante à plus d’un titre. Ce sera la première fois, après un tragique accident de voiture, qu’il pourra revoir sa mère depuis son décès. Il tient aussi à être prêt pour passer sa cérémonie d’initiation.
Pour cela, il aurait fallu qu’il passe d’abord ses quinces à 15 ans, le premier essai de son pouvoir magique. Mais Yadriel est un garçon trans.
Dans sa famille, les femmes et leurs chapelets ont le pouvoir de guérison ; les hommes et leurs poignards, celui d’invoquer et de libérer les fantômes. Si sa famille tente tant bien que mal de ne pas se tromper de pronom et de prénom, pas question pour son père de forger un poignard pour Yadriel.
Ses quinces ont été annulés, et son futur semble être celui de l’oncle Catriz, né sans magie et toujours exclu des décisions communautaires. Mais Yadriel ne l’entend pas ainsi : c’est un homme et il compte bien le prouver au monde entier !
Aidé de sa fidèle comparse Maritza, qui lui a forgé un poignard en cachette, Yadriel se faufile dans une église abandonnée. Plus tôt, toute la famille a senti la mort de son cousin Miguel, mais son fantôme reste introuvable. Yadriel l’invoquera, aidant sa famille tout en prouvant qu’il lui est possible d’utiliser la magie masculine.
Sous le patronage squelettique de Notre Dame la Mort, Yadriel réussit l’invocation. Sa magie fonctionne ! La diosa le reconnaît tel qu’il est ! Seul problème : ce n’est pas Miguel que Yadriel a invoqué, mais Julian Diaz, un camarade de lycée de mauvaise réputation qui n’a aucune idée de sa mort.
Commence alors une course contre la montre avant la Fête des Morts afin de retrouver Miguel tout en accomplissant les dernières volontés de Julian, faute de quoi il refuse d’être libéré – vérifier que ses amis, dont on ignore la localisation, sont saufs. Tout ça, sans oublier les cours ni l’aide obligatoire à la préparation des autels et à la décoration de montagnes de crânes en sucre ! Bien sûr, les sentiments vont également s’en mêler...
« La seule idiotie plus grande que d’agir en cachette de sa famille, d’invoquer des esprits et d’essayer d’élucider une série de crimes serait de tomber amoureux d’un garçon mort. En particulier s’il s’agissait de Julian Diaz. »
Le contexte de la Fête des morts mexicaine, pleine de catrinas, de cempasuchiles et de pan de muerte, central dans l’intrigue, souffre parfois d’une exposition trop explicative et détachée du récit.
L’enquête et la résolution de crimes, si elles servent de fil rouge, sont oubliées pendant plusieurs chapitres et les scènes finales, facilement devinables à l’avance, sacrifient au cliché du genre sans les subvertir. L’intérêt principal du roman n’est pas là.
Il est très rare aujourd’hui de lire un roman présentant un adolescent trans (qui plus est out socialement mais hors d’un parcours médical de transition), comme protagoniste qui soit écrit par une personne concernée et offre une représentation loin du cisgaze et des clichés fétichistes, pathologisants et pathétiques.
Yadriel est sûr de qui il est ; pour autant, il nourrit des doutes concernant son inclusion dans une communauté dont l’acceptation lui semble toujours fragile.
Cemetery Boys dépeint des relations humaines sensibles : un début de romance adolescente ; des amitiés pleines d’humour ; un rapport complexe à la famille, qu’elle soit clan centenaire étouffant ou parent isolé en galère. Yadriel, plongé depuis la naissance dans une identité latinx forte, mais isolé en tant que personne queer, découvre l’euphorie d’entrer en relation avec des personnes appartenant à la même intersection de communautés.
« Avec Julian, aucune mise en condition n’était nécessaire, parce qu’il le comprenait déjà. C’était… facile. Yadriel ignorait qu’il pouvait être aussi simple et indolore d’être vu tel qu’il était par quelqu’un. »